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« lobbying » pour la mise en place par les pays africains de structures per-
mettant l’autofinancement des films au niveau national et régional, autofi-
nancement qui serait basé sur des « marchés communs » de diffusion,
destinés à élargir des marchés nationaux possédant souvent trop peu de
salles de cinéma pour assurer seuls la viabilité d’un film.
Cette « décolonisation » des circuits de diffusion des salles sera le premier
combat du premier Secrétaire Général de la FEPACI, le sénégalais
Ababacar Samb-Makharam. C’est lui, par ailleurs, qui fit admettre la
FEPACI comme membre observateur à l’Organisation de L’Unité
Africaine(OUA) ancêtre de l’actuelle Union Africaine (UA), et nous
emmena dès 1973 en délégation officielle de la FEPACI aux USA pour
obtenir le soutien des afro- américains (à qui une section, celle de la diaspora
africaine et du « Prix Paul Robeson » sera ouverte plus tard au FESPACO
et cela à travers
« l’African-American Institute ».
Ababacar Samb Makharam, réélu Secrétaire Général de la FEPACI au
2 eme Congres de la Fédération, tenu à Alger en 1974, continuera son patient
travail de Lobbying pour obtenir le soutien des Etats à la cause des Jeunes
cinémas nationaux du continent.
Résidant à l’époque à Paris pour la préparation de mon Doctorat sur la thé-
matique des jeunes cinémas africains et mon long métrage documentaire «
Camera D’Afrique », et ayant la chance d’écrire régulièrement dans « jeune
Afrique», l’hebdomadaire le plus lu d’Afrique francophone, et notamment
par les hauts responsables, j’ai pendant une longue période, mené une vé-
ritable campagne de presse à destination des autorités africaines, répétant à
l’occasion de chaque article, la nécessité de «décoloniser » les écrans des
salles de cinéma et les circuits de distribution qui les alimentaient, encore
monopolisés par les sociétés françaises héritières des compagnies colo-
niales. Et répétant jusqu’à satiété, que la finalité était de parvenir à mettre
ces circuits de diffusion, une fois récupérés, au service de la rentabilisation
des futurs films nationaux de toute la région, qui, sans marchés de diffusion,
ne peuvent économiquement exister !
Il aura fallu attendre 10 ans après le premier FESPACO pour que
ce programme de reconquête des forts rentables marchés de distribution de
films en Afrique connaisse un début de concrétisation, avec la création sous
l’impulsion de longue haleine de Ababacar Samb-Makharam,et de la
campagne de persuasion de plusieurs années dans « Jeune Afrique », par
les pays de l’ex Organisation Commune Africaine et Malgache(OCAM)
d’un marché commun de diffusion couvrant les salles de 14 pays franco-
phones d’Afrique de l’Ouest, d’Afrique centrale, grâce au rachat par ces
pays, à l’instigation de la FEPACI, des circuits français qui monopolisaient