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Férid Boughedir / Les mésaventure du panafricanisme cinématographique 277
mésaventure possible du panafricanisme, qui se répandit comme une ru-
meur, et jamais démentie, il m’a semblé utile de l’évoquer. Car, pour moi,
elle justifie aussi la méfiance et les grandes précautions qui seront les
miennes dès qu’il s’agira d’argent dans mes implications dans la passion-
nante et porteuse aventure du Panafricanisme cinématographique. Et cela
aussi bien durant ma participation aux négociations avec l’union euro-
péenne en 1984 à Bruxelles pour que les pays ACP puissent ajouter aux ac-
cords avec l’UE une ligne sur « le soutien aux industries culturelles » à
condition qu’elle soit réclamé par au moins trois pays africains, ce que Gas-
ton Kaboré, le nouveau Secrétaire Général de la FEPACI, installée alors
au Burkina, avait avec sa rigueur et son intégrité connues de tous, réussi à
obtenir. Plus tard avec le même Gaston Kaboré j’ai été élu pour une longue
période Secrétaire régional de la FEPACI, responsable pour la région Nord
du continent.
Après son congrès de 1997 à Ouagadougou, la FEPACI est entrée
dans une période de transition et de réforme de sa constitution jugée trop
politisée, adoptée lors du congrès d’Alger en 1975, avec la « charte d’Al-
ger » de la FEPACI, placée sous le signe dominant à l’époque de « la lutte
contre l’impérialisme et le néocolonialisme ». Une période de transition qui
aboutira à une nouvelle constitution, autorisant désormais les adhésions in-
dividuelles en dehors des associations nationales, et celle des cinéastes de
la diaspora, avec l’élection au congrès de 2001 du béninois Jacques be-
hanzin et son action dont nous parlerons plus loin, auprès de l’Union Afri-
caine pour la création par celle-ci, entre autres d’un « fond de soutien »
financier en faveur des cinémas africains.
V– LE LANCEMENT PROMETTEUR PAR ABDOU
DIOUF DU PROJET DU FPCA (FONDS PANAFRICAIN DU
CINEMA ET DE L’AUDIOVISUEL)
La mésaventure, vécue par le panafricanisme cinématographique quand le
dogmatisme a vaincu le pragmatisme économique lors du coup d’arrêt
donné au CIDC, s’est malheureusement reproduite, de façon encore peu
connue, avec la tentative de mettre sur pied, avec l’aide cette fois de l’OIF
(Organisation Internationale de la Francophonie) du FPCA (Fonds Panafri-
cain du Cinéma et de l’Audiovisuel).
Ayant été l’un des principaux acteurs militants bénévoles de ce projet qui a
été arbitrairement suspendu quelques mois à peine après l’élection du der-
nier bureau de la FEPACI en 2013, je me dois pour l’histoire du panafrica-
nisme cinématographique, de relater pour la première fois, pour qui prendra
le temps de la lire et peut-être d’en tirer des enseignements utiles, l’histoire