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Entre temps, sa principale tâche ayant abouti, ababacar samb makharam
avait démissionné de son poste de SG de la FEPACI pour préparer le tour-
nage de son film « JOM », laissant l’interim du secrétariat général de la FE-
PACI à un de ses colluègues réalisateurs Sénégalais, puisque c’etait le
Sénégal qui avit été élu à ce poste au Congrès d’Alger.
IV– LE SCANDALE DU CONGRES RATÉ DE LA FEPACI
Cette mésaventure qui constituait un échec douloureux de la stratégie
d’émancipation et d’autosuffisance économique, tracée par la FEPACI des
origines, fut suivie par une autre. On ne voulait pas en parler à l’époque
mais, 50 ans après la naissance du panafricanisme cinématographique, ses
protagonistes ayant aujourd’hui disparu, elle peut être rappelée, à titre pré-
ventif, comme possible garde-fou pour les générations futures. Car la FE-
PACI, comme toute organisation, n’est pas à l’abri de tentations de dérives
individuelles. Surtout lorsqu’une rencontre avec un chef d’État a pour but
d’obtenir un financement direct et non pas l’installation des structures lé-
gales et fiscales d’autofinancement au bénéfice du cinéma national. Cet épi-
sode n’est connu que des anciens.
À cette période de passation intérimaire du poste de Secrétaire Gé-
néral de la FEPACI, au tout début des années 80, le titulaire du poste par
intérim avait obtenu d’être reçu par le Président d’un État africains relati-
vement prospère, en compagnie du Président de l’association nationale des
cinéastes du pays, pour solliciter le financement d’un prochain congrès la
FEPACI dans le dit pays. Une organisation au financement conséquent, qui
implique les frais de transport et d’hébergement de cinéastes et de respon-
sables venus des quatre coins du continent. Ce congrès n’eut jamais lieu.
C’est au FESPACO, lors d’une soirée peut-être un peu trop arrosée, que
notre collègue président de ladite association nationale, aujourd’hui disparu,
nous révéla le pot aux roses. La tentation aurait été trop grande de partager
en deux, le contenu de la mallette d’argent en espèces qui leur avait été re-
mise par un responsable du cabinet du Président, lequel aurait eu, selon
notre collègue, coutume d’apporter directement son soutien aux bonnes
causes en liquide. C’était parce qu’ils avaient cédé à la tentation que ce
congrès n’eut finalement jamais lieu.
Je me souviens qu’un de nos anciens, scandalisé et choqué par cette révé-
lation lui avait dit : « mais alors vous avez bouffé toute la subvention ! . Se
voyant rétorquer à titre de justification : « mais tout le monde bouffe en
Afrique! Je ne fais ici que relater en témoin cette scène qui s’est passée
sous mes yeux ». Mais, en tant qu’historien qui doit témoigner du bon
comme du mauvais, et n’ayant aucun moyen de vérifier la véracité de cette