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Roy Armes / Le cinéma colonial 19
particulièrement important joué par Haydée Chikly dans la production) fait
de la fille de Carthage un précurseur fascinant du type de cinéma tunisien
qui verra le jour plus de quarante ans plus tard.
Chikly a refusé que sa fille Haydée (plus tard Haydée Tamzali)
répond à l'invitation de Rex Ingram à Hollywood (elle était adolescente et
passait son baccalauréat à l'époque), de sorte que sa carrière cinématogra-
phique s'est effectivement terminée avec La fille de Carthage, même si elle
est apparue, à un âge avancé, dans le documentaire de Mahmoud Ben
Mahmoud sur son père et dans le long métrage de Férid Boughedir, Un
été à La Goulette / One Summer in La Goulette. Comme de grandes parties
de ses deux films sont préservées, la place de Chikly dans l'histoire du ci-
néma, qui anticipe de trois ans le premier film réalisé en Égypte est assurée.
Mais, comme tant de pionniers du cinéma, il devait mourir dans la pauvreté,
succombant en 1934 à un cancer du poumon contracté au front lors d'une
attaque au gaz pendant la Première Guerre mondiale et aggravé par son ta-
bagisme .
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l'Afrique du Sud
Au moment des indépendances du Maghreb et de l'Afrique co-
loniale française, alors que les nouveaux cinémas africains étaient sur le
point de voir le jour, il n'y avait que deux industries cinématographiques en
Afrique. L'une d'entre elles, celle située en Afrique du Sud, ne pouvait évi-
demment pas être pertinente, malgré le système de subventions étatiques
mis en place en 1956 et l'existence de quelques 1300 longs métrages pro-
duits dans ce pays entre 1910 et 1996 , puisqu'il s'agissait d'un cinéma
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blanc construit pour un public blanc. En 1989, Keyan Tomaselli note l'im-
portance idéologique stratégique du cinéma sud-africain : « La répression
doit être légitimée d'une manière ou d'une autre, et le cinéma a historique-
ment joué un rôle important en présentant l'apartheid comme un mode de
vie naturel ». Le cinéma sud-africain de l'époque de l'apartheid a poursuivi
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le rôle traditionnel du cinéma dans les sociétés coloniales. Bien que les ci-
néastes sud-africains « pensent que leurs films se situent en dehors de la
politique, qu'ils ne sont que des divertissements », Tomaselli affirme que
les films servent, en fait, l'État par « leur position de classe, leurs hypothèses
sociales et cinématographiques sous-jacentes », ainsi que « leur déplace-
ment des conditions réelles par des relations imaginaires qui délimitent une
vision du monde fondée sur l'apartheid ».
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Dans l'une des premières études complètes sur le cinéma afri-
cain, les Cinémas africains en 1972 de Guy Hennebelle, le cinéaste blanc