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Férid Boughedir / Les mésaventure du panafricanisme cinématographique 287
jusqu’à nos jours, au niveau d’un dialogue interculturel maintenu et de la
connaissance réciproque des peuples grâce au cinéma, aidant à faire tomber
les préjugés, les stéréotypes, les idées reçues, les facteurs d’exclusion et de
division, en un combat toujours recommencé, plus vital que jamais au-
jourd’hui avec les montées dans le monde des populismes, et du rejet de
« l’Autre »!
Par contre, il faut savoir reconnaître l’échec s’agissant de la stratégie éco-
nomique d’autosuffisance visée au départ au niveau de la production et de
la diffusion. Un grand nombre des films africains les plus reconnus inter-
nationalement aujourd’hui, continuant souvent à voir le jour grâce à un pro-
videntiel soutien extérieur. On a vu plusieurs fois l’organe que se sont donné
les cinéastes pour pousser à mettre en place cette autosuffisance écono-
mique, la FEPACI paralysée, puis renaître, puis être de nouveau bloquée.
Il est urgent actuellement de la réadapter aux temps nouveaux et à l’ère du
numérique, qui a surpassé l’ancienne ère des seules salles de cinéma, (dont
le parc commence pourtant à renaitre sporadiquement çà et là), pour pouvoir
aborder de façon efficace le nouveau demi-siècle d’existence à venir.
Nous devons, avec tous les collègues, contribuer à une réflexion commune
pour organiser cette réadaptation de la FEPACI, et le rappel de ses objectifs
de départ que la nouvelle génération semble, en toute bonne foi, très souvent
ignorer.
Que la FEPACI soit devenue, par rapport à sa vocation première,
non-opérationnelle dans les faits depuis au moins une quinzaine d’années
est un fait désolant. J’ai constaté, au dernier congrès de la FEPACI à Jo-
hannesburg, que les nouveaux Secrétaires régionaux fraîchement élus me
posaient souvent en tant qu’ancien la question « à quoi sert la FEPACI ? »,
quelle doit être son action prioritaire ? ». Comme si un demi-siècle plus
tard les objectifs de départ avait été plus ou moins oubliés. Et de son côté,
le nouveau Secrétaire Général élu a déploré devant moi plus tard, que le
bureau précédent rechignait à lui transmettre les documents du mandat
écoulé et que les jeunes secrétaires régionaux ne répondaient que rarement
à ses courriers. Contrairement à ce qui se passait à Ouagadougou sous le
mandat de Gaston Kaboré, où nous participions tous à des actions
concrètes comme celle des négociations fructueuses avec l’Union Euro-
péenne, et après l’Initiative méritoire de son successeur Jacques Behanzin
auprès de l’Union Africaine en 2003, l’action de la FEPACI est trop souvent
devenue le fait d’une seule personne à qui revient tout le poids des initia-
tives, et qui fait entériner ses décisions quand il y a une AG. Avec les
risques de blocage total comme cela est arrivé lors du conflit entre la Se-
crétaire Générale sud-africaine et son trésorier, qui a fait entrer la FEPACI