Page 296 - Livre2_NC
P. 296

Férid Boughedir / Les mésaventure du panafricanisme cinématographique   287

         jusqu’à nos jours, au niveau d’un dialogue interculturel maintenu et de la
          connaissance réciproque des peuples grâce au cinéma, aidant à faire tomber
          les préjugés, les stéréotypes, les idées reçues, les facteurs d’exclusion et de
         division, en un combat toujours recommencé, plus vital que jamais au-
         jourd’hui avec les montées dans le monde des populismes, et du rejet de
         « l’Autre »!
          Par contre, il faut savoir reconnaître l’échec s’agissant de la stratégie éco-
         nomique d’autosuffisance visée au départ au niveau de la production et de
         la diffusion. Un grand nombre des films africains les plus reconnus inter-
         nationalement aujourd’hui, continuant souvent à voir le jour grâce à un pro-
         videntiel soutien extérieur. On a vu plusieurs fois l’organe que se sont donné
         les cinéastes pour pousser à mettre en place cette autosuffisance écono-
         mique, la FEPACI paralysée, puis renaître, puis être de nouveau bloquée.
         Il est urgent actuellement de la réadapter aux temps nouveaux et à l’ère du
         numérique, qui a surpassé l’ancienne ère des seules salles de cinéma, (dont
         le parc commence pourtant à renaitre sporadiquement çà et là), pour pouvoir
         aborder de façon efficace le nouveau demi-siècle d’existence à venir.
         Nous devons, avec tous les collègues, contribuer à une réflexion commune
         pour organiser cette réadaptation de la FEPACI, et le rappel de ses objectifs
         de départ que la nouvelle génération semble, en toute bonne foi, très souvent
         ignorer.
                 Que la FEPACI soit devenue, par rapport à sa vocation première,
         non-opérationnelle dans les faits depuis au moins une quinzaine d’années
         est un fait désolant. J’ai constaté, au dernier congrès de la FEPACI à Jo-
         hannesburg, que les nouveaux Secrétaires régionaux fraîchement élus me
         posaient souvent en tant qu’ancien la question « à quoi sert la FEPACI ? »,
         quelle doit être son action prioritaire ? ». Comme si un demi-siècle plus
         tard les objectifs de départ avait été plus ou moins oubliés. Et de son côté,
         le nouveau Secrétaire Général élu a déploré devant moi plus tard, que le
         bureau  précédent rechignait  à lui  transmettre  les documents  du mandat
         écoulé et que les jeunes secrétaires régionaux ne répondaient que rarement
         à ses courriers. Contrairement à ce qui se passait à Ouagadougou sous le
         mandat de  Gaston  Kaboré, où nous  participions  tous  à  des actions
         concrètes comme celle des négociations fructueuses avec l’Union Euro-
         péenne, et après l’Initiative méritoire de son successeur Jacques Behanzin
         auprès de l’Union Africaine en 2003, l’action de la FEPACI est trop souvent
         devenue le fait d’une seule personne à qui revient tout le poids des initia-
         tives, et qui fait entériner ses décisions quand il y a une AG.  Avec les
         risques de blocage total comme cela est arrivé lors du conflit entre la Se-
         crétaire Générale sud-africaine et son trésorier, qui a fait entrer la FEPACI
   291   292   293   294   295   296   297   298   299   300   301