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Férid Boughedir / Les mésaventure du panafricanisme cinématographique 289
tionaux en les faisant financer par un prélèvement de 5 % sur les bénéfices
publicitaires des télévisions publiques et privées et un faible prélèvement
sur la « redevance audiovisuelle » payée avec la note d’électricité. Le Tchad
a de son côté, de façon encore plus avant-gardiste, créé un fonds de soutien
du cinéma national par un prélèvement sur les bénéfices de la téléphonie
mobile, fonds qui pour l’instant n’a été utilisé que pour la production de
quelques films et pas encore dans le cadre d’une structuration générale au
profit de tous les secteurs du cinéma comme au Maroc, mais cela ne saurait
tarder.
Une FEPACI modernisée et réformée, qui se doit de tracer l’avenir
pour les jeunes générations, devrait intervenir également auprès des pays
qui ont déjà essayé de structurer leur cinéma (y compris les pays où elle
est présente régulièrement grâce a leurs festivals panafricains de cinéma,
comme le Burkina Faso et la Tunisie) pour leur expliquer que leurs mesures
pionnières de prélèvement sur les recettes des seules salles sont à présent
dépassées, suite à l’essor du numérique, et qu’il faut donc installer de nou-
velles mesures qui tiennent compte des bénéfices de l’audiovisuel global;
qu’il leur faut probablement aussi adopter de nouvelles dispositions fis-
cales telles que les « Tax shelters », exemptant de taxes les investissements
dans le secteur, ou toute autre mesure pouvant améliorer le développement
et la diffusion de la création cinématographique africaine.
Bref, en s’éloignant d’un fonctionnement privilégiant le centralisme bu-
reaucratique, la FEPACI peut retrouver un rôle permanent d’expertise et
d’accompagnement, d’écoute et d’expression des besoins et des attentes de
la jeune génération de cinéastes de chaque pays africain.
Convaincre de l’intérêt d‘installer dans chaque pays et chaque ré-
gion des structures d’encadrement et de régulation de tous les secteurs de
l’audiovisuel, toujours réactualisées, avec pour finalité le soutien écono-
mique à l’expression culturelle par le cinéma, pour permettre à chaque jeune
ou moins jeune cinéaste de produire ses créations de façon au moins fi-
nancièrement viable, voici, en dehors de toute autre considération, ce qui
devrait être toujours l’ l’objectif numéro un de la FEPACI. Pour faire vivre
ce qui fonde le Panafricanisme cinématographique, et pour remotiver tous
ceux, qu’ils soient membres ou non, qui l’ont, parfois perdu de vue.
Le Temps est passé pour nous, « pionniers de la deuxième génération »,
avec ses espoirs vibrants, ses déceptions et ses embûches de parcours ,
mais il est toujours temps pour les nouvelles générations de prendre à bras
le corps cet outil de construction du Panafricanisme Cinématographique;
de le réformer et l’adapter à leur nouveau contexte, afin de poursuivre
jusqu’à sa concrétisation, le rêve de films africains indépendants, qui sans

