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médias, dans le tiers- monde. Cette conception dialectique, et non différen-
tielle ou oppositionnelle, des formes culturelles prend en compte la dyna-
mique de leur échange .
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Plusieurs éléments découlent de l'examen des deux modes d'ex-
pression culturelle. Si, par exemple, la question de la communauté est au
cœur de la culture traditionnelle du tiers-monde, la question de l'individu
est à la base de la culture occidentale ou imprimée. En ce qui concerne la
présentation scénique performative, un acteur occidental interagissant avec
le public brise la frontière compacte ou marginale. Parce qu'un type parti-
culier de magie entre dans un espace de jeu, la performance scénique occi-
dentale ne permet pas le croisement. Alors que, par conséquent, une
personne occidentale a le sentiment que sa vie privée est violée par le théâtre
interactif, dans le contexte du tiers monde, l'entente entre le spectateur et
les interprètes est que leurs positions sont interchangeables sans préavis.
La crainte de l'ancien dans la culture du tiers-monde est très pré-
sente. Plusieurs films en témoignent. Les vieux ou les personnes âgées en
tant que dépositaires de l'histoire du tiers-monde sont bien documentés dans
des films tels que Emitai du Sénégal, They Don't Wear Black Tie du Brésil,
Shadow of the Earth de Tunisie et The In-Laws de la République populaire
de Chine. La question des personnes âgées dans la culture du tiers-monde
est magnifiquement illustrée dans le film Fad Jal de Safi Faye, où la sé-
quence d'ouverture du film indique: « En Afrique, la mort d'un vieil homme
est comme l'incendie d'une bibliothèque ».
Une des principales sources de malentendus (si l'on tient compte
des « caractéristiques cognitives » de la dichotomie « folklore/art imprimé »
de la figure ) est la définition et le remplacement de « l'homme », l'individu,
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au sein des sociétés du tiers monde. Pour tout dialogue significatif centré
sur les schémas de développement du tiers-monde la question de
l' « homme/femme » dans une société doit être soigneusement débattue.
Comme le dit Julius K. Nyerere de Tanzanie, « Le but est l'homme », et
comme le dit le dicton wolof, « L'homme est le médicament de l'homme ».
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Une orientation culturelle de « l'homme », l'individu, comme étant
changeant et capable d'effectuer des changements est une condition qui se
répercute dans toutes les sociétés avancées du monde, qu'elles soient capi-
talistes ou socialistes. L'idée que l'homme, au singulier comme au pluriel,
a la capacité de contrôler son propre destin et d'effectuer des changements
par sa propre volonté est une force dynamique qui peut modifier à la fois
les schémas de pensée et les habitudes de travail d'un peuple. Ce concept,
il faut le préciser, n'est pas l'opposé de l'idéal du tiers-monde de la primauté