Page 556 - Livre2_NC
P. 556

Michael T. Martin, Samba Gadjigo & Jason Sylverman/ Solidarité médiatisée   547

























          Photo 3. Sembène avec son fils aîné Alain, sur le tournage d'un de ses films. Capture d'écran par l'auteur.
          SG : Le titre du livre de Kane est L’aventure ambiguë [1961]. Il compare la
          rencontre entre l’Occident et l’Afrique à une saison des pluies et déploie une
          image très puissante, le canon, comme métaphore d’une force militaire des-
          tructrice associée à l‘impact de l’Occident. Pour Kane, dans ce roman, c’est
          l’éducation qui a l’impact le plus néfaste. L’alphabétisation dans les langues
          européennes sert d’antidote à la survie des récits locaux [indigènes].
          JS : Le conflit décrit dans le roman réside dans la question de savoir si les fa-
          milles aristocratiques locales enverront ou non leurs enfants à l’école euro-
          péenne.

          SG : Oui. La famille consentante explique sa décision en disant : « Oui, en-
          voyons nos enfants à l’école pour qu’ils apprennent à gagner sans avoir rai-
          son ». Donc, très tôt, Sembène a compris le rôle que les histoires, les contes…
          Joseph Conrad et Daniel Defoe, ont joué dans la justification du pouvoir co-
          lonial.

          MTM : Il a déclaré la guerre !

         SG : Exactement. Il a déclaré la guerre. Un collègue de l’Université de Regina
         a publié un livre sur Sembène, Un appel à l’action  : Les films d’Ousmane
         Sembene  . C’est un écho au discours d’acceptation d’Albert Camus pour le
                  6
         prix Nobel de  littérature  de  1957.  Il  déclarait  :  «  Il  ne  faut  pas  dire  que
         l’écrivain
   551   552   553   554   555   556   557   558   559   560   561