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Michael T. Martin, Samba Gadjigo & Jason Sylverman/ Solidarité médiatisée 547
Photo 3. Sembène avec son fils aîné Alain, sur le tournage d'un de ses films. Capture d'écran par l'auteur.
SG : Le titre du livre de Kane est L’aventure ambiguë [1961]. Il compare la
rencontre entre l’Occident et l’Afrique à une saison des pluies et déploie une
image très puissante, le canon, comme métaphore d’une force militaire des-
tructrice associée à l‘impact de l’Occident. Pour Kane, dans ce roman, c’est
l’éducation qui a l’impact le plus néfaste. L’alphabétisation dans les langues
européennes sert d’antidote à la survie des récits locaux [indigènes].
JS : Le conflit décrit dans le roman réside dans la question de savoir si les fa-
milles aristocratiques locales enverront ou non leurs enfants à l’école euro-
péenne.
SG : Oui. La famille consentante explique sa décision en disant : « Oui, en-
voyons nos enfants à l’école pour qu’ils apprennent à gagner sans avoir rai-
son ». Donc, très tôt, Sembène a compris le rôle que les histoires, les contes…
Joseph Conrad et Daniel Defoe, ont joué dans la justification du pouvoir co-
lonial.
MTM : Il a déclaré la guerre !
SG : Exactement. Il a déclaré la guerre. Un collègue de l’Université de Regina
a publié un livre sur Sembène, Un appel à l’action : Les films d’Ousmane
Sembene . C’est un écho au discours d’acceptation d’Albert Camus pour le
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prix Nobel de littérature de 1957. Il déclarait : « Il ne faut pas dire que
l’écrivain

