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SG : Mais en même temps, il est un symbole vivant de l’impact que les histoires
peuvent avoir sur nos vies, car si je n’avais pas rencontré Sembène et ses his-
toires, mon propre itinéraire aurait été différent. Et grâce à cette rencontre,
mes études sont une forme d’activisme politique.
JS : Maintenant que j’y pense, c’est un type de conflit très inhabituel. Souvent,
dans une histoire, il y a une métaphore de bataille, une invasion d’extraterres-
tres ou une autre forme d’incitation au conflit. Le conflit ici est entre un type
d’histoire et un autre type d’histoire.
MTM : Mais c’est toi qui parles avec ta propre voix. Cela aurait pu être Sem-
bène qui aurait dit la même chose.
SG : Aujourd’hui, nous ne parlerions pas de Sembène comme d’un activiste
majeur s’il avait suivi la voie normale de l’éducation coloniale française. Il
n’est pas allé à la Sorbonne. Il n’a pas absorbé les classiques français. Il n’a
pas absorbé Molière. Au lieu de cela, il a été autodidacte. Qu’a-t-il enseigné
lui-même ? Fanon, Marx, Lénine, et la littérature de la classe ouvrière. C’était
Photo 5. Carton du premier long métrage de Sembène, La Noire de... (1966, Sénégal).
Capture d'écran par l'auteur.

