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                                             Le Désespoir




               Au matin du cinquième jours, la brume se lève sur la vallée
               meurtrie. Les feux de la veille fument encore, les remparts

               sont noircis.

               Les hommes sont harassés.

               On n’entend plus que le halètement des survivants.
               Le grincement des armes qu’on affute a la hâte.

               Les femmes apportent de l’eau, les enfants courent entre les

               blessés avec des outres de vin clair.

               Sur la tour Madeleine, Pierre-Raymond observe la plaine ses

               yeux rougis par la veille cherchant en vain une lueur d’espoir.
               Arnaud, le haubert ouvert sur la poitrine s’approche.

                      -frère, nous avons tenu plus qu’aucun homme n’aurait cru

               possible, mais si l’aide n’arrive pas aujourd’hui, la Nogarède

               tombera avant la nuit.
                      Pierre-Raymond hoche la tête sans répondre.


               Dans la chapelle du manoir Eloïse prit à genoux entourés de
               dames et de sa fille, sa voix tremble

                      « Seigneur nous avons tout donné, ne détourne pas ton

               visage de ses terres que ton nom soit béni »

               Les voix s’unirent, faible, suppliantes comme une brise
               d’espoir montant vers les collines.


                Alors qu’on commence à distribuer les derniers vivres.
               Un cri monte de la tour nord, des bannières au Lion.                                             RENA - Les Compagnons Forgerons

               Tous levèrent les yeux, la, au-delà, des champs brules, une

               poussière s’élevait, droite, lumineuse dans la clarté du matin.







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