Page 251 - LES FLEURS DE MA MEMOIRE ET SES JOURS INTRANQUILLES_Neat
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RÉORGANISATION
Marion avait été engagée pour s’occuper de la presse, de la
communication et de la bonne organisation de la Maison, mais aucune efficacité
n’en avait été conclue. Elle ne fut pas renvoyée, mais rétrogradée en qualité de
responsable du service production. Quant à moi j’occupais un poste stratégique
particulièrement envié en théorie, et que j’étais la seule à l’avoir mis en
pratique irréprochablement et donc indétrônable d’après certaines personnes.
Une nouvelle directrice, Madame Piot, avait repris les fonctions de Marion
et souhaitait nous rencontrer à tour de rôle. Je garde le souvenir d’un entretien
sympathique pendant lequel nous avions évoqué les points forts et les failles.
Ce que je ne savais pas encore, c’est que Madame Piot souhaitait placer
quelques-unes de ces relations personnelles à chaque poste stratégique, dont le
mien particulièrement visé. C’est quelques années plus tard que je l’appris, par
un jeune homme qu’elle avait engagé pour remplir mes fonctions, mais il avait
très vite capitulé lorsqu’il était entré dans l’arène. J’étais donc toujours en
poste.
C’était une période assez pénible pour moi, je venais d’apprendre la
longue maladie de mon frère et le temps lui était compté. Comme j’effectuais de
nombreuses heures supplémentaires qui n’avaient jamais était prises en
compte, j’estimais légitime de me permettre de m’octroyer une semaine pour la
consacrer à mon frère, chez mes parents trop âgés et dépassés par les
évènements. Il était prévu, quelques jours plus tard, de rejoindre la Vicomtesse
au Lac de Côme pour nos sélections tissus, mais vu les évènements familiaux, je
m’étais organisée avec Hary mon assistant afin qu’il me remplace et
accompagne la Vicomtesse. Je partais donc m’occuper de mon frère la
conscience tranquille.
L’arrivée chez mes parents fut un choc. Je trouvais mon frère dans le coma
depuis plusieurs heures. Le téléphone n’arrêtait pourtant pas de sonner pour
me contacter alors que j’expliquais à Madame Piot, le dérangement puisque le
lit de mon frère était installé dans le salon proche du téléphone. Je dus pourtant
faire face à son indifférence, insistant pour que je rentre à Paris prendre mes
billets d’avion, et rejoindre la Vicomtesse en Italie. J’étais furieuse et restais sur
ma position mais je finis par écourter à grands regrets mon séjour auprès des
miens. Avec ce manque de compassion dans une telle situation je décidai
désormais de mettre ma conscience professionnelle au second plan.
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