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RÉORGANISATION





                        Marion avait été engagée pour s’occuper de la presse, de la
              communication et de la bonne organisation de la Maison, mais aucune efficacité
              n’en avait été conclue. Elle ne fut pas renvoyée, mais rétrogradée en qualité de
              responsable du service production. Quant à moi j’occupais un poste stratégique
              particulièrement envié en théorie, et que j’étais la seule à l’avoir mis en
              pratique irréprochablement et donc indétrônable d’après certaines personnes.

                        Une nouvelle directrice, Madame Piot, avait repris les fonctions de Marion
              et souhaitait nous rencontrer à tour de rôle. Je garde le souvenir d’un entretien
              sympathique pendant lequel nous avions évoqué les points forts et les failles.
              Ce que je ne savais pas encore, c’est que Madame Piot souhaitait placer
              quelques-unes de ces relations personnelles à chaque poste stratégique, dont le
              mien particulièrement visé. C’est quelques années plus tard que je l’appris, par

              un jeune homme qu’elle avait engagé pour remplir mes fonctions, mais il avait
              très vite capitulé lorsqu’il était entré dans l’arène. J’étais donc toujours en
              poste.

                        C’était une période assez pénible pour moi, je venais d’apprendre la
              longue maladie de mon frère et le temps lui était compté. Comme j’effectuais de
              nombreuses heures supplémentaires qui n’avaient jamais était prises en
              compte, j’estimais légitime de me permettre de m’octroyer une semaine pour la
              consacrer à mon frère, chez mes parents trop âgés et dépassés par les
              évènements. Il était prévu, quelques jours plus tard, de rejoindre la Vicomtesse
              au Lac de Côme pour nos sélections tissus, mais vu les évènements familiaux, je
              m’étais organisée avec Hary mon assistant afin qu’il me remplace et
              accompagne la Vicomtesse. Je partais donc m’occuper de mon frère la
              conscience tranquille.

                        L’arrivée chez mes parents fut un choc. Je trouvais mon frère dans le coma
              depuis plusieurs heures. Le téléphone n’arrêtait pourtant pas de sonner pour
              me contacter alors que j’expliquais à Madame Piot, le dérangement puisque le
              lit de mon frère était installé dans le salon proche du téléphone. Je dus pourtant
              faire face à son indifférence, insistant pour que je rentre à Paris prendre mes
              billets d’avion, et rejoindre la Vicomtesse en Italie. J’étais furieuse et restais sur

              ma position mais je finis par écourter à grands regrets mon séjour auprès des
              miens. Avec ce manque de compassion dans une telle situation je décidai
              désormais de mettre ma conscience professionnelle au second plan.



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