Page 114 - Desastre Toxicomanie
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Le désastre des toxicomanies en France                                                                               Le chanvre indien, devenu tellement français



                 de la SEP. Les auteurs de cette étude estiment que leurs résultats
                 doivent conduire à la prudence pour l’utilisation et la prescription
                 de cannabis dans la SEP.
                 -  Le  THC,  en  diminuant  la  sécrétion  de  l’hormone  mâle,  la
                  testostérone, diminue la libido, ce qui peut aggraver les troubles
                  de cette nature, fréquents chez les patients atteints de SEP.
                 - Des données récentes (qui concernent, il est vrai, le cannabis
                  fumé et non le seul THC), montrent sa toxicité cardio-vasculaire,
                  avec des artérites, le déclenchement d’infarctus du myocarde, la
                  survenue d’accidents vasculaires cérébraux…
                   Comme s’il était mal à l’aise pour commercialiser le THC en
                 tant que médicament, un laboratoire pharmaceutique l’a associé au
                 cannabidiol. Il est prêté à cet autre constituant du chanvre indien,
                 dont le mécanisme d’action demeure à ce jour inconnu, la capacité
                 de  potentialiser  les  effets  recherchés  du  THC et  de  relativiser
                 ses effets les plus délétères  (miracle  de la phytothérapie).  En
                 l’état,  ce Sativex , qui s’administre  en spray nasal, apparaît
                                  ®
                 au pharmacologue  et  neurobiologiste  que je  suis, comme  un
                 «  bricolage  »,  loin  des  démarches  rigoureuses  qu’on  applique
                 désormais au développement de vrais et nouveaux médicaments.
                   La pharmacocinétique correspond au devenir dans l’organisme
                 des molécules  à visée  thérapeutique.  La  pharmacocinétique  du
                 THC est singulière, en raison de son exceptionnelle solubilité dans
                 les lipides (graisses) de l’organisme. De ce fait, le THC s’attarde
                 des semaines dans l’organisme.  Parmi  tous les  médicaments
                 connus et utilisés actuellement,  seule l’amiodarone  (un anti-
                 angoreux, anti-arythmique) connaît un tel stockage et une telle
                 rémanence  d’effet ; ce qui n’est pas du tout considéré comme
                 un avantage, car  cette  caractéristique  complique les  choix
                 posologiques. Le THC peut, au long cours, interagir avec d’autres
                 médicaments. Les interactions du THC sont nombreuses et parfois
                 importantes. Il potentialise les effets des divers agents sédatifs/
                 psycholeptiques : les benzodiazépines, si/trop largement utilisées ;
                 les antihistaminiques  ayant une action  centrale  (sédatifs)  ; le
                 méprobamate  ; divers médicaments  psychotropes, sans oublier
                 son association  très malencontreuse  avec  l’alcool.  Il interagit
                 encore avec un système de résorption et d’excrétion cellulaire de


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