Page 109 - Desastre Toxicomanie
P. 109
Le désastre des toxicomanies en France Le chanvre indien, devenu tellement français
sigle d’« Association Nationale de Prévention en Alcoologie et
Addictologie » (cherchez l’erreur ou la tromperie de l’intitulé).
Le décret précité du ministère de la Santé s’inscrivait au
cœur d’une campagne apparemment concertée des tenants de la
légalisation de cette drogue : déclaration de la ministre du Logement
(Cécile Duflot) ; déclaration du ministre de l’Éducation nationale
(Vincent Peillon), dépôts en préfecture des statuts d’association
loi 1901 de « cannabis social clubs » pour la culture à domicile du
cannabis ; avec les inévitables relais médiatiques ne tendant leurs
micros qu’aux prosélytes de cette drogue. Ce décret a été précipité.
Il a même pris de cours une commission d’étude de l’Assemblée
nationale, qui allait se réunir à l’instigation d’un ancien ministre
de l’Intérieur (Daniel Vaillant, prolégalisateur). Il n’a tenu
aucun compte des opinions très négatives exprimées tant par
l’Académie nationale de médecine que par l’Académie nationale
de pharmacie (qui réunissent pourtant en leur sein les meilleurs
experts nationaux sur ce sujet : cliniciens, pharmacologues et
toxicologues). L’urgence semblait telle que ce décret prenait effet
dès le lendemain de sa publication au J.O. Sa rédaction a été bâclée.
Ainsi, il fait mention « du cannabis et de ses dérivés », comme
si une plante avait des dérivés ; il voulait sans doute parler de
ses constituants (on était habitués à ce que les textes ministériels
soient plus sérieusement rédigés). Enfin, tel qu’il a été rédigé, ce
décret valide la presque centaine des dérivés cannabinoïdes, ainsi
que les substances de toutes autres structures chimiques, que cette
plante recèle. On est confondu par cette bénédiction globale, qui
méritera de figurer dans les annales de ce ministère…
La santé de nos concitoyens vaut mieux que ces manœuvres,
pétries d’idéologie, que leurs auteurs ne prennent même plus la
peine de dissimuler. Autoriser comme médicament une drogue dont
on connaît, avant sa commercialisation, les multiples et parfois
très graves méfaits (par exemple le risque de décompensation
ou d’aggravation d’une psychose ; ou l’effet désinhibiteur avec
auto- ou hétéro-agressivité…) est surréaliste. Cette aberration
intervient dans une période où l’on élimine de la pharmacopée
des médicaments qui y avaient droit de cité depuis des dizaines
d’années, jugeant, avec le recul du temps, que leurs rapports
109