Page 104 - Desastre Toxicomanie
P. 104

Le désastre des toxicomanies en France                                                                               Le chanvre indien, devenu tellement français



                 adhère totalement (auxquelles il « croit mordicus »), ce qui
                 lui fait acquérir un comportement inadapté. Ces troubles sont
                 caractéristiques de la schizophrénie, de la psychose/de la folie
                 (au sens commun du terme). Faut-il vraiment s’étonner qu’une
                 drogue qui induit des expressions consubstantielles de la folie,
                 puisse avoir des relations étroites avec elle ?
                   Cela fait plus de cent cinquante  ans que Jacques-Joseph
                 Moreau de  Tours  a décrit ces relations, dans un livre inspiré
                 par  l’usage  erratique,  quasi  expérimental,  qu’il  faisait  de  cette
                 drogue,  par  voie  orale.  Il  a  intitulé  son livre  :  «  Du haschisch
                 et de l’aliénation  mentale  » (1853). Depuis lors, en dépit des
                 résistances, voire des dénégations  (comme  chaque fois que les
                 cannabinophiles sont dérangés dans leurs habitudes), ces relations
                 sont devenues irréfragables. Les études se sont multipliées, aux
                 plans  neurobiologique,  clinique  et  épidémiologique. Elles  font
                 ressortir que plus l’âge de la consommation est précoce, plus la
                 dose est élevée, et plus le risque de développer une schizophrénie
                 est grand. Dans l’étude Néo-Zélandaise  réalisée par Marie-
                 Louise Arseneault, 10 % des mille gamins qui avaient débuté leur
                 consommation de cannabis entre 12 et 15 ans (soit cent d’entre
                 eux) étaient victimes de schizophrénie à l’âge de 18 ans. Voilà qui
                 devrait interpeller davantage tous les adultes « responsables ».
                   L’adolescence  est  une  période  majeure  et  critique pour la
                 maturation cérébrale. Le THC, tombant à cette période très sensible,
                 perturbe cette maturation. Il induit l’établissement de connexions
                 aberrantes entre neurones. Il perturbe l’équilibre subtile entre une
                 prolifération  des  ramifications  neuronales  («  sprouting »), qui
                 vise à multiplier les contacts synaptiques entre neurones voisins
                 et l’élagage (« pruning ») qui élimine les connections qui ne sont
                 pas stabilisées par le jeu de leur fonctionnement,  perturbé par
                 l’activité délirante et hallucinatoire du THC.
                   Le risque de devenir schizophrène est multiplié par 6, entre
                 18 et 28 ans chez un adolescent ayant consommé, avant l’âge de
                 18 ans, plus de 50 joints (en tout). C’est ce qu’a montré l’étude
                 Suédoise de Sven  Andréasson, sur une cohorte constituée des
                 50.000 conscrits de l’armée suédoise, de l’année 1971. Cette étude
                 prolonge d’une certaine façon celle de Marie-Louise Arsenault,


                                              104
   99   100   101   102   103   104   105   106   107   108   109