Page 100 - Desastre Toxicomanie
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Le désastre des toxicomanies en France Le chanvre indien, devenu tellement français
(méthadone, buprénorphine) ; pour accéder enfin, au sommet de
cette échelle, à l’héroïne (dont le barreau ploie désormais sous le
poids de ses 200.000 occupants).
Cette escalade est évidemment contestée par ceux qui militent
pour la légalisation des drogues du bas de l’échelle. Ils la contestent
avec véhémence, faisant dans le sarcasme, taxant de débilité (pas
moins) ceux qui la constatent. Leur véhémence sert de string
à l’absence de leurs arguments ; ils rappellent ces cancres qui,
lors des compositions, cachent d’un bras fléchi leur feuille toute
blanche, afin qu’on ne copie pas dessus. Ne leur en déplaise, ceux/
celles qui perchent sur le barreau de l’héroïne ont, sans exception,
emprunté préalablement le barreau du cannabis. Leur rappelant
ce constat, il m’a été répondu : « tout comme ils ont emprunté le
péage de l’autoroute du soleil » ; drôle mais très creux, drôlement
creux ! Leur contestation se fait plus bredouillée quand on leur
fait remarquer que la progression du nombre des utilisateurs de
cannabis s’accompagne d’un accroissement des utilisateurs des
autres drogues situées au-dessus du cannabis dans l’échelle des
toxicomanies. Cette escalade s’explique déjà, en partie, par le jeu
de la tolérance. Au fil des usages, les effets escomptés du THC
s’estompent. Pour pallier cette tolérance, le consommateur accroît
la dose et/ou la fréquence d’utilisation. Quand les effets qu’il
ressent paraissent insuffisants, il est incité à recourir à une autre
drogue. S’il abandonnait le cannabis pour une autre drogue, ce
serait de l’escalade ; au lieu de cela, il ne le délaisse pas, il lui
ajoute cette autre drogue, plus active ; ce qui correspond à la très
commune poly-toxicomanie. Un autre élément d’explication de la
polytoxicomanie réside dans l’association au cannabis d’une autre
drogue destinée à corriger certains de ses effets ; en particulier
ses effets sédatifs. Quand la nicotine du tabac n’y suffit pas, il
fait appel aux cocaïniques ou aux amphétaminiques. Ces constats
sont communs, il faut donc une certaine cécité mais surtout une
vraie mauvaise foi, pour ne pas l’admettre. Leur contestation
ne résiste pas non plus aux données de la neurobiologie, qui
établissent l’unicité du processus toxicomaniaque, sous-tendu
par la libération de dopamine dans le noyau accumbens. Ainsi le
cannabis est souvent ajouté à l’alcool, pour une potentialisation
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