Page 99 - Desastre Toxicomanie
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Le désastre des toxicomanies en France       Le chanvre indien, devenu tellement français



                   une longue période. Cela ne saurait faire conclure  à l’absence
                   de  dépendance physique,  car  il  ne  s’agit  que  d’un masquage
                   relatif, lié à la très lente élimination de l’organisme du THC. Au
                   lieu de la « chute en piqué », du « crash », observé à l’arrêt de
                   consommation des drogues rapidement éliminées, telle l’héroïne,
                   on assiste avec le THC à ce qui s’apparente à un vol plané, en
                   raison de sa très longue  persistance  dans le  cerveau  et  dans le
                   corps. Pourtant cette dépendance physique existe et elle est forte.
                   On peut l’objectiver  en interrompant  brusquement  l’action  du
                   THC résiduel, par l’administration d’un antagoniste (d’un agent
                   bloquant) des récepteurs CB , le rimonabant. Cet antagoniste des
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                   récepteurs CB  mime l’effet d’une disparition rapide du THC, en
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                   interrompant rapidement ses effets. Son action s’apparente à une
                   fermeture brusque des guichets auxquels s’adresse le THC pour
                   dialoguer avec les neurones. Chez les différentes espèces animales
                   sur lesquelles  cette  expérience  a  été  pratiquée  (administration
                   semi-chronique  de  THC, suivie  de l’administration  d’une dose
                   élevée  de rimonabant),  est apparu  un syndrome d’abstinence
                   marqué ; ses expressions présentent beaucoup de similitudes avec
                   celles d’une abstinence aux opiacés/morphiniques. Martelons-le,
                   pour rompre avec une banalisation fallacieuse toujours à l’œuvre :
                   « Le cannabis n’est pas une drogue douce, c’est une drogue lente ».
                   Il donne lieu à une dépendance psychique et à une dépendance
                   physique.
                       Dans leur majorité, les fumeurs de cannabis se contentent d’un
                   usage erratique ; néanmoins 1.600.000 individus en font un « usage
                   régulier » ; consommant (selon la définition de cette expression) au
                   moins un joint tous les trois jours. Eu égard à la longue persistance
                   du THC dans l’organisme, cette fréquence d’usage entretient dans
                   leur cerveau une imprégnation régulière par cette drogue. Ils sont
                   donc « THC-dépendants », à l’instar des « alcoolo-dépendants »
                   déjà  évoqués. Six cent  mille  individus  abusent  nettement  du
                   cannabis, en consommant au moins un joint ou un pétard par jour
                   (et parfois plus de 10). Parmi eux se recrutent ceux qui, à partir du
                   barreau cannabis, vont accéder aux barreaux du dessus de l’échelle
                   des toxicomanies : celui de la cocaïne ; celui des amphétaminiques ;
                   puis celui  des produits utilisés  comme  substituts à l’héroïne


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