Page 125 - Desastre Toxicomanie
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Le désastre des toxicomanies en France Le chanvre indien, devenu tellement français
alors s’il était bien raisonnable d’obérer le budget de la nation et
de sacrifier de nombreux animaux pour réaliser des expériences
dont les résultats seraient sans intérêt chez l’Homme ?
Je persiste à interpréter comme une « manipe », les efforts
déployés par ce même scientifique au service de la banalisation du
cannabis. Il était alors très proche de la MILDT, qui « milditait »
pour la légalisation du cannabis. Il avait établi sa propre échelle de
dangerosité des drogues, à partir d’une sélection très incomplète
de critères, afin de situer le cannabis sur cette échelle. D’une
façon qui, dès lors, n’avait rien d’inattendue, la dangerosité du
cannabis se retrouvait en deçà de celles assignées à l’alcool et
au tabac. Il n’intégrait pas dans son raisonnement le fait que la
mortalité importante due à ces deux dernières drogues (encore mal
précisées) était liée à leur extraordinaire diffusion, en relation avec
leur caractère licite. Cela le dispensait de conclure qu’il fallait
s’opposer de toutes forces à assurer une semblable diffusion au
cannabis. Sa conclusion était, au contraire, que notre société, ne
pouvant interdire ni l’alcool ni le tabac, ne pouvait dès lors, en
toute logique (la sienne) que légaliser le cannabis ; C.Q.F.D.!
J’ai eu en direct la preuve que sa connaissance de la toxicité
du cannabis était aussi incomplète que survolée. Dans un débat
qui nous opposait lors d’un colloque sur les toxicomanies, je me
référais à l’étude, véritablement séminale, effectuée en Suède par
Sven Andréasson. Cette étude montrait qu’une consommation,
avant l’âge de 18 ans, de plus de 50 « joints » (en tout), multipliait
par 6 le risque de devenir schizophrène dans la période 18 - 28 ans.
Il fit dans le sarcasme, en se demandant comment on pouvait fumer
plus de 50 joints par jour. Il n’avait donc pas analysé cette étude
majeure, et n’avait rien compris d’une lecture trop rapide de son
résumé. C’était en l’occurrence une défaillance très grave, pour qui
se mêlait de classer les drogues sous l’angle de leur dangerosité.
Plaidant dans le sens qu’attendaient les cannabinophiles militants,
son « rapport », fallacieux, auquel sa solide culture/expertise de
physico-chimie et de chimie thérapeutique ne le préparait pas,
bénéficia, évidemment, d’un important retentissement médiatique.
Une malversation, régulièrement à l’œuvre, consiste à donner
une énorme résonnance à tout ce qui, à travers le monde, correspond
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