Page 134 - Desastre Toxicomanie
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Le désastre des toxicomanies en France                                                                                     L'irrésistible ascension de la cocaïne



                 coca. Ce vin contenait 6 mg de cocaïne par flacon. Il développa
                 aussi  des  pastilles  et  un  thé  à  la  coca.  Son  officine  parisienne,
                 du boulevard Hausmann, ne désemplissait  pas. Il fut décoré
                 par le pape Léon XIII, devenu un adepte de ce vin. Pemberton
                 (1886), un pharmacien de Géorgie (USA), se parant de la vertu
                 d’avoir éliminé l’alcool du « French Wine Cola », y ajouta de la
                 caféine (issue de la Cola) et créa, de fait, le « Coca-Cola  ». À
                                                                         ®
                 son origine cette boisson contenait donc de la cocaïne. Elle était
                 utilisée comme stimulant et contre les céphalées. C’est encore un
                 pharmacien, A. Candler, qui acheta les droits de cette boisson et
                 créa la firme Coca-Cola . Quand les méfaits de la cocaïne devinrent
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                 manifestes, la cocaïne disparut du Coca-Cola , simultanément à
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                 un accroissement de la concentration de caféine afin de maintenir
                 son effet psychostimulant.
                   L’activité anesthésique locale du chlorhydrate de cocaïne a été
                 révélée par Carl Koller (1884). Elle fut mise à profit : pour des
                 interventions  ophtalmologiques ; pour l’anesthésie  tronculaire
                 (William Halsted) ; pour l’anesthésie du pharynx (Cazal et Fauvel).
                   Sigmund Freud (Vienne, 1884), jeune neurologue ambitieux,
                 s’adonna à la cocaïne afin d’accroître ses performances psychiques.
                 Il  en  fit  bientôt  l’apologie,  vantant  ses  effets  contre  l’anxiété,
                 contre  la  dépression  et  comme  stimulant  sexuel.  Ses éloges
                 contribuèrent à la diffusion de la drogue. Il la prescrivit à son ami
                 E. Fleisch, pour le sevrer de sa dépendance à la morphine. Ce ne
                 fut vraiment pas une bonne idée car non seulement il ne réduisit
                 pas sa dépendance à la morphine mais il y ajouta la dépendance à
                 la cocaïne ; ce patient devint psychotique et sa mort fut précipitée.
                 Ce type d’accident n’étant pas isolé, les critiques fusèrent alors.
                 Hélas, Freud, attentif à sa notoriété, se contenta de n’en plus parler,
                 s’abstenant de faire amende honorable (erreur avouée eut pu être
                 pardonnée), ce qui prolongea les malheureuses conséquences de
                 l’usage de cette drogue et accrût le nombre de ses victimes. Il ne
                 resta plus à la médecine que les effets anesthésiques locaux de
                 cet alcaloïde, qui furent rapidement détrônés par l’apparition d’un
                 médicament de synthèse, la procaïne.
                   Le premier arrêt cardiaque lié à la prise de cocaïne fut décrit
                 par Thompson en 1886.


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