Page 137 - Desastre Toxicomanie
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Le désastre des toxicomanies en France L'irrésistible ascension de la cocaïne
En Belgique et en France, des pipes à crack sont distribuées
dans certains centres.
L’importance des saisies dépend à la fois des moyens que
l’on se donne pour lutter contre ses trafiquants et de la quantité
de drogue en circulation. Sans disposer des moyens permettant
d’apprécier l’importance relative de ces deux facteurs, on notera
qu’en France, les saisies de cocaïne qui ont été effectuées en 2015
étaient d’environ 17 tonnes ; trois fois supérieures à celles de
l’année 2014 et 10 fois supérieures à celles de l’année 2000. Sur la
base d’un prix de vente de 60 euros le gramme, les 17 tonnes saisies
valaient près d’un milliard d’euros. Si elles ne représentaient que
10 % de ce qui circule en France, la cocaïne serait à l’origine d’un
somptueux marché de dix milliards d’euros.
Présentation des produits en circulation
Le chlorhydrate de cocaïne se présente sous forme d’une poudre
(cristaux ou granules blancs) légèrement amère, très soluble dans
l’eau. Son point de fusion est élevé (195 °C) ; à la température de
son passage à l’état de vapeur, survient une importante dégradation
du produit. Cette caractéristique le destine, chez les toxicomanes,
à des prises nasales (reniflements/sniffing/sniff). Le reniflement
de la poudre, très finement divisée, conduit à son dépôt sur la
membrane de Schneider, qui tapisse les fosses nasales ; membrane
humide qui est très vascularisée. À son contact, la poudre se
dissout et le chlorhydrate de cocaïne diffuse dans le courant
sanguin qui l’amène au cerveau. La solubilité dans l’eau de cette
poudre permet de l’utiliser pour des administrations parentérales
(intraveineuses) ou pour des administrations par voie orale.
La cocaïne base (« crack » et « free base ») se présente sous la
forme de cristaux incolores ou d’une poudre blanche cristalline au
goût amer, peu soluble dans l’eau, mais soluble dans l’alcool et les
solvants organiques. Sa volatilisation survient à une température
nettement plus basse (dès 90°C) que celle du chlorhydrate ; elle
s’effectue sans destruction notable, ce qui la destine à d’amples
inhalations de sa vapeur ; les poumons assurent son passage rapide
dans le torrent circulatoire et elle apparaît bientôt dans le cerveau.
Cette modalité d’administration est relativement récente (1984).
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