Page 139 - Desastre Toxicomanie
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Le désastre des toxicomanies en France             L'irrésistible ascension de la cocaïne



                      Le crack apparaît plus toxique que les autres formes de cocaïne,
                   les concentrations de cocaïne dans le sang de sujets décédés par
                   surdose sont en moyenne 10 fois plus faibles que celles constatées
                   lors de surdoses avec le chlorhydrate (300 ng/ml vs. 3500 ng/ml).

                   Les cibles biologiques de la cocaïne

                      La cocaïne agit en s’opposant à la recapture des trois
                   neuromédiateurs  que  sont la  dopamine,  la  noradrénaline  et  la
                   sérotonine. Cette recapture est opérée par les neurones qui ont
                   libéré  ces  neuromédiateurs  pour  communiquer  une  information
                   aux  neurones  de  leur  voisinage  ;  elle  met  fin  ainsi  à  cette
                   information. Elle fait intervenir des transporteurs neuronaux : le
                   DAT (dopamine transporter) pour la recapture de dopamine, le NET
                   (norepinephrine transporter) pour la recapture  de noradrénaline
                   (norepinephrine en anglais), le 5HTT (5 hydroxy tryptamine
                   transporter) pour la recapture de la 5 hydroxytryptamine ou
                   sérotonine.  Les transporteurs de ces médiateurs  reprennent  à
                   l’espace interneuronal (la synapse) le médiateur que les neurones y
                   ont déversé. La cocaïne est donc un inhibiteur de ces transporteurs.
                   Ce faisant, elle laisse persister ces médiateurs plus longtemps, à
                   une plus haute concentration, dans leurs synapses, à proximité de
                   leurs récepteurs, qui s’en trouvent plus intensément stimulés. La
                   cocaïne est donc un agoniste indirect (puisqu’elle ne stimule pas
                   elle-même ces récepteurs, mais qu’elle le fait par l’entremise de
                   leurs  médiateurs  spécifiques)  des  récepteurs  dopaminergiques,
                   noradrénergiques et sérotonergiques.
                      Par ailleurs,  la cocaïne  inhibe des canaux sodiques des
                   membranes  neuronales. Ce faisant, elle  inhibe les transferts
                   des ions sodium (Na ),  qui  sont  à  l’origine  des  influx/courants
                                        +
                   électriques qui cheminent le long des câbles neuronaux (axones) ;
                   de là ses effets anesthésiques locaux et sa toxicité cardiaque. Le
                   cocaéthylène, qui se forme lors d’une consommation conjointe de
                   cocaïne et d’alcool, est plus toxique pour le cœur que la cocaïne.
                      Le mécanisme de la dépendance psychique à la cocaïne, que l’on
                   imputait exclusivement à l’inhibition de capture de dopamine, a été
                   remis en question par le constat (effectué par Bruno Giros) que des
                   souris privées par manipulation génétique de leurs transporteurs de


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