Page 163 - Desastre Toxicomanie
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Chapitre VIII

                          Morphine, morphiniques, héroïne,
                      médicaments de substitution à l’héroïne




                      Le pavot et son  opium, connus bien avant notre ère, sont
                   toujours, avec la morphine (contenue dans l’opium), d’une grande
                   actualité.  La  morphine,  comme  médicament  analgésique,  par
                   sa puissance et par son faible prix, reste à ce jour virtuellement
                   irremplaçable. Des variations chimiques ont été conçues à partir
                   de sa structure, puis elles se sont appliquées à s’en affranchir et à
                   se multiplier, tandis que de nouvelles formes galéniques ont fait
                   progresser cette classe thérapeutique (formes orales à libération
                   prolongée, patches d’agents très puissants, applicateurs gingivaux,
                   pompes à morphine...). Tout cela, néanmoins, ne confine pas à une
                   révolution thérapeutique, tandis que l’abus de ces produits, à des
                   fins toxicomanogènes, s’est notablement accru.
                      Les Sumériens, quatre mille ans avant Jésus Christ, connais-
                   saient  le  pavot  (ce  gros  coquelicot  aux  fleurs  rose  pâle).
                   Théophraste,  300 ans avant notre  ère,  faisait  état  de l’opium
                   (οπιον),  le  suc  de  pavot.  L’opium  est  la  forme  concrétée,  par
                   séchage, du latex  qui s’écoule des incisions pratiquées dans la
                   capsule encore verte du pavot. Cette capsule se forme après la
                   floraison. Elle a la forme d’une salière ovoïde, grosse comme deux
                   pouces accolés ; elle comporte à son sommet, sous une collerette,
                   des orifices/pores, par lesquels, à maturité, s’échappent de petites
                   graines noires (« capsule à déhiscence poricide »). Le suc/latex
                   blanchâtre qui suinte des incisions pratiquées, prend, en séchant
                   sur la capsule, une teinte marron. Le produit de grattage de ce miel
                   chamois  correspond  à  l’opium.  Il  se  présente  comme  une  pâte
                   épaisse, qui comporte près de 10 % de morphine. La morphine est
                   absente des graines noires que collent parfois les boulangers sur
                   certains de leurs pains ; elles ne risquent pas de rendre positive
                   la  recherche  de  morphine  dans le  sang ou les urines. Ainsi, le
                   morphinomane  détecté  positif  aux morphiniques, lors d’un
                   accident, devra trouver pour le juge une autre explication. C’est


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