Page 166 - Desastre Toxicomanie
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Le désastre des toxicomanies en France Morphiniques et médicaments de substitution
la production mondiale d’opium. Cet État est à l’origine de
75 % de la production illicite totale d’opium/morphine/héroïne. Son
occupation par les forces militaires d’une coalition principalement
américano-européenne, loin de la faire régresser, l’a vue au
contraire s’accroître ; comme si cette coalition avait fermé les
yeux sur ces cultures pour se concilier les populations qui les
pratiquaient. Il se dit aussi que des chefs de guerre locaux auraient
facilité l’accès de l’héroïne aux soldats qui les combattaient, s’en
servant comme arme pour amoindrir leur ardeur combattive. Une
bonne nouvelle cependant, au milieu de tout cela : une maladie du
pavot (dont on aimerait croire qu’elle n’est pas spontanée) a fait
chuter en 2012 la production d’opium à 5.000 tonnes, alors que
quelques années auparavant elle culminait à 7.000 tonnes.
La morphine agit à différents niveaux de l’organisme :
- sur le tube digestif : elle diminue le péristaltisme ainsi que les
sécrétions intestinales, déterminant une constipation opiniâtre ;
- au niveau de la pupille : elle la rétrécit (myosis), ce qui constitue
un moyen d’identification de ses consommateurs ;
- au niveau de l’appareil cardio-vasculaire : elle modifie
l’hémodynamique (avec des effets appréciés lors d’un œdème
aigu du poumon) ;
- au niveau cérébral : elle induit une euphorie, une anxiolyse. Elle
induit une intense pharmacodépendance ;
- au niveau du cerveau et de la moelle épinière : la morphine
induit de puissants effets analgésiques ; ils constituent sa
principale indication en thérapeutique, en raison de leur intensité
exceptionnelle. Cette action s’exerce à plusieurs niveaux du
névraxe, influant sur les voies qui véhiculent les messages
douloureux vers différents étages du cerveau. La sommation
de ces effets, en ligne/en série, explique son exceptionnelle
activité analgésique, que d’autres molécules peuvent au mieux
reproduire, mais ne surpassent pas. C’est la raison pour laquelle
la morphine apparaît indispensable à la pharmacopée, en dépit de
ses effets addictifs, du développement d’une tolérance qui réduit
ses effets analgésiques et de ses effets dépresseurs respiratoires.
Cette tolérance impose d’accroître les doses pour rester efficace ;
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