Page 168 - Desastre Toxicomanie
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Le désastre des toxicomanies en France                                                                              Morphiniques et médicaments de substitution



                 percevoir le phénomène de « shoot ». Le shoot correspond à une
                 sorte de décharge, comparée parfois à celle d’un arc électrique,
                 à une sensation  de type  orgasmique.  Elle  est si intense  que le
                 sujet qui l’a perçue, éprouve le besoin tyrannique de revivre cette
                 sensation. Le « shoot » résulte d’une intensification soudaine de la
                 transmission opioïdergique et, consécutivement, de la transmission
                 dopaminergique  dans le  noyau  accumbens.  Pour atteindre  ces
                 sensations violentes, l’héroïnomane s’injecte  des doses de plus
                 en plus élevées, d’autant que les produits qu’il acquiert sont très
                 adultérés par des coupages mercantiles.  Parfois, au lieu d’une
                 héroïne très diluée, il tombe sur un produit assez pur et c’est alors
                 « l’overdose », qui peut engager son pronostic vital.
                   L’héroïne injectable, au temps où les héroïnomanes se prêtaient
                 leurs seringues, qui avaient pu être  utilisées  par des individus
                 contaminés par les virus des hépatites (B, C, D...) et pire par
                 celui du SIDA, contribua à diffuser ces infections. Avant l’accès
                 libre  et désormais  souvent gratuit,  à des seringues neuves, les
                 héroïnomanes contribuaient significativement à la diffusion de ces
                 virus. Si ce libre accès aux seringues a eu pour effet malheureux
                 de faciliter l’administration intraveineuse de l’héroïne, il a, par
                 contre, protégé l’héroïnomane et la société alentour de la diffusion
                 de  ces  redoutables  virus. Ce  fut  un élément  fondateur  de  la
                 politique « de réduction des risques », qui a eu, au plan infectieux,
                 des aspects  manifestement  positifs.  Mais jusqu’où ne  pas aller
                 trop loin avec cette politique, dans laquelle certains foncent tête
                 baissée  ?  Certaines  modalités  de  «  réduction  des  risques  »  en
                 font naître d’autres qui ne sont pas d’un niveau moindre. Et l’on
                 découvre que certains  remèdes  peuvent,  à certains  égards, être
                 pires que le mal qu’ils prétendent traiter. Parmi les effets pervers
                 (nous en identifierons d’autres), citons : une certaine incitation à
                 ces injections intraveineuses ; l’ancrage des héroïnomanes dans
                 leur comportement injecteur ; l’envoi de mauvais signaux aux
                 toxicophiles indécis… Ces excès culminent avec l’aberration des
                 « salles de shoot » pour les toxicomanes (salles que nous fustige-
                 rons plus loin).
                    Cette maladie grave, très grave même, qu’est la toxicomanie
                 à l’héroïne injectée, doit être traitée et non pas rendue plus facile


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