Page 167 - Desastre Toxicomanie
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Le désastre des toxicomanies en France Morphiniques et médicaments de substitution
mais on s’approche alors de ses effets toxiques, essentiellement
représentés par une dépression respiratoire (qui domine le tableau
dramatique de « l’overdose »). Lors de l’overdose/surdose,
le sujet s’asphyxie dans la béatitude. Alors que la sensation
de manquer d’air est habituellement angoissante et même
insupportable, vécue comme l’antichambre de la mort, chez un
sujet sous l’empire de doses élevées de morphine, la perception
est tout autre. L’arrêt de sa respiration le prive d’oxygène ; ses
téguments prennent une teinte bleutée (cyanose), il ne respire
plus qu’en réponse aux pincements et aux injonctions de respirer
qu’on doit pratiquer. La commande automatique de sa respiration
ne fonctionne plus, malgré l’accumulation de gaz carbonique
(CO : hypercapnie) et l’appauvrissement extrême de son sang
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en oxygène (O : hypoxie).
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Trois types principaux de récepteurs sont impliqués dans les
effets de la morphine, mais à des degrés différents. Les récepteurs
opioïdes de type mu (µ) (mu comme morphine) dominent
ses effets. Interviennent encore, mais à un moindre degré, les
récepteurs opioïdes de type delta (δ) (delta comme vas deferens/
canal déférent (car cet organe chez les rongeurs mâles comporte
une grande densité des récepteurs de ce type) ; enfin sont concernés
les récepteurs kappa (κ) (kappa comme kétocyclazocine (qui fut le
premier ligand synthétique spécifique de ces récepteurs).
Si ces trois types de récepteurs réduisent la sensibilité
douloureuse, les récepteurs mu ont à cet égard le rôle le plus
important.
Les récepteurs kappa (κ) sont impliqués dans des effets
dysphoriques ; i.e. des troubles de l’humeur (à l’opposé de
l’euphorie), qui associent une tristesse à d’autres éléments
empruntés au syndrome dépressif.
La morphine est active par différentes voies d’administration :
la voie orale ; la voie intratéchale (pour pratiquer une anesthésie
rachidienne) ; la voie sous-cutanée ; la voie intramusculaire ; la
voie intraveineuse. Elle peut être fumée ; elle peut être sniffée.
Le toxicomane, dans sa recherche du « toujours plus, toujours
plus fort », en l’occurrence d’un produit encore plus puissant que
la morphine, s’adonne à l’héroïne par voie intraveineuse pour
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