Page 165 - Desastre Toxicomanie
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Le désastre des toxicomanies en France      Morphiniques et médicaments de substitution



                   à la découverte d’une substance candidate : un peptide formé de
                   5 acides aminés, qui fut dénommé enképhaline. Ce fut, là encore,
                   une découverte effectuée quasi simultanément par trois équipes
                   indépendantes : John Hughes et Hans Kosterlitz (à Aberdeen, en
                   Écosse), Solomon Snyder (à Baltimore, aux USA) et Lars Terenius
                   (à Uppsala, en Suède). Il apparut bientôt qu’il fallait distinguer deux
                   enképhalines : la méthionine enképhaline (ou Met-enképhaline),
                   et la Leucine enképhaline (ou Leu-enképhaline). Suivit alors la
                   découverte d’autres peptides endogènes, eux aussi ligands (i.e.
                   capables de se fixer) des récepteurs que stimule la morphine. Ces
                   récepteurs furent désignés récepteurs opioïdes de type mu/µ - comme
                   morphine. Les membres de cette famille de ligands des récepteurs µ
                   furent collectivement désignés endorphines (morphines endogènes).
                   Citons quelques-uns de leurs représentants : les endomorphines 1 et
                   2 (formées de 4 acides aminés = des tétrapeptides), les enképhalines
                   formées, on l’a dit, de 5 acides aminés = des pentapeptides), les
                   dynorphines (dont la forme A comporte 18 acides aminés), la béta-
                   endorphine (31 acides aminés)...
                      La morphine est un alcaloïde. Sous forme de sel (sulfate),
                   elle est assez soluble dans l’eau, du fait de la présence dans sa
                   formule chimique de deux radicaux hydroxyles (-OH pour les
                   chimistes ; l’un phénolique, l’autre alcoolique). Cette solubilité
                   dans l’eau (hydrophilie) ralentit et réduit son accès au cerveau. Le
                   masquage de ces deux hydroxyles, par l’estérification opérée par
                   l’acide acétique, aboutit à l’héroïne, ou diacétylmorphine. Cette
                   transformation chimique ne requiert pas de compétence particulière
                   en chimie. Elle est à la portée du premier trafiquant venu, pourvu
                   qu’il puisse se procurer l’anhydride acétique  nécessaire  à cette
                   réaction. C’est d’ailleurs en suivant le cheminement de ce réactif
                   chimique  que  la  police  des  stupéfiants  peut  arriver  aux  caves
                   dans lesquelles est effectuée (et aux caves qui effectuent) cette
                   transformation, à très haute valeur ajoutée. C’est par la très forte
                   odeur d’acide acétique (comme celle du vinaigre) qui émane de
                   ces « laboratoires », que leur délit peut être découvert.
                      Le pavot à opium pousse en différents lieux, mais c’est
                   l’Afghanistan, avec  près de deux cent quarante  mille  hectares
                   consacrés à sa culture, qui détient, et de très loin, le record de


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