Page 171 - Desastre Toxicomanie
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Le désastre des toxicomanies en France Morphiniques et médicaments de substitution
comme substitut à l’héroïne, en particulier chez l’héroïnomane
injecteur, sous le nom de Subutex . Elle est désormais disponible
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sous forme de génériques moins coûteux, ce que l’on ne saurait
regretter, car ces produits de substitution à l’héroïne grèveraient le
budget de la sécurité sociale de près de 200 millions d’euros, eu
égard : aux quelques 170.000 utilisateurs/« bénéficiaires » ; aux
doses prescrites, très élevées ; et à leurs prix intrinsèques élevés,
aux dépenses de fonctionnement des centres et à la rémunération
des praticiens qui les prescrivent. Dans le « hit-parade » du coût
des médicaments pour la collectivité, considéré par médicament,
(et non par classe thérapeutique), le Subutex (« Subu » pour les
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intimes), arriverait en deuxième rang.
En regard d’une telle dépense sociale, le drame de l’addiction
est-il bien payé en retour ? De nombreux indicateurs font répondre
par la négative et font s’étonner de la discrétion de violette sans
parfum du monde de l’addictologie, dont certains représentants
sortent les griffes dès qu’on s’approche de ce « Subu » pour en
critiquer les débordements. On est troublé par la passivité (cécité ?)
des pouvoirs publics, qui semblent considérer que tout est bien
huilé dans cette mécanique, où l’on connaît pourtant, de longue
date, de graves et nombreux dysfonctionnements.
Un toxicomane consulte plusieurs médecins. Il se fait prescrire
par chacun d’eux les doses les plus élevées autorisées de
« Subu » (16 mg par jour, à partir de comprimés dosés à 2 et
à 8 mg). Il présente les différentes ordonnances qui lui ont été
prescrites à autant de pharmaciens différents, qui les lui délivrent.
Ce scandale dure depuis plus de quinze ans ; pendant longtemps
tout ce trafic a été remboursé.
Le « bénéficiaire »/« l’ayant droit » ne pouvant, évidemment,
utiliser une telle quantité de ce médicament, le revend en totalité,
sans en consommer, car cela l’empêcherait d’éprouver les
sensations du « shoot » provoqué par l’injection de son héroïne.
En effet, quand les récepteurs mu sont occupés durablement et
stimulés par la buprénorphine ou la méthadone, l’arrivée subite
et intense de l’héroïne dans le cerveau, ne change rien à cette
stimulation ; le « shoot » recherché n’est plus alors au rendez-
vous. Avec l’argent qu’il retire de la vente du « Subu », le
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