Page 176 - Desastre Toxicomanie
P. 176

Le désastre des toxicomanies en France                                                                              Morphiniques et médicaments de substitution



                 Le « sevrage sec » et le sevrage sans substituts morphiniques

                   Le sevrage sec, sans recours à des substituts morphiniques,
                 est possible. Il ne comporte pas de risque vital et ses effets sont
                 souvent durables, voire définitifs. L’association du « Patriarche »
                 le pratiquait avec succès. M’étant entretenu à plusieurs reprises, en
                 aparté, avec plusieurs pensionnaires d’un de ses centres (Manoir
                 des Creusnier, à Trouville, Calvados), ils m’ont convaincu, ainsi
                 que  d’autres  confrères  avec  moi,  de  l’efficacité  et  du  caractère
                 durable de cette  modalité  de sevrage. Hélas, son initiateur  (L.
                 Engelmajer) s’est vu reprocher des pratiques répréhensibles quant
                 aux mœurs et à l’honnêteté, qui ont conduit à la fermeture de ses
                 centres. Dès lors on a assimilé abusivement ce « sevrage sec » à la
                 réputation sulfureuse attachée à la personnalité du « Patriarche ».
                   L’efficacité du « sevrage sec », avec sa souffrance momentanée,
                 tient vraisemblablement au caractère pavlovien de cette souffrance.
                 Le souvenir de la drogue se trouve alors relié à cette pénible
                 expérience. Le patient soumis au sevrage était entouré de ceux
                 qui avaient subi avant lui cette épreuve ; ils le soutenaient ;
                 ils chantaient ; ils lui parlaient, lui faisaient boire force tisanes ;
                 bref ils l’accompagnaient. Cet accompagnement se prolongeait au-
                 delà de cette période pénible, durant plusieurs semaines et même
                 plusieurs mois. Ce sevrage s’avérait souvent efficace. Il a été pratiqué
                 quelque temps, je crois, dans la communauté religieuse Saint Jean
                 Espérance, qui disposait de trois petits centres d’accueil (dans le
                 Berry et dans l’Anjou). Après y avoir renoncé, cette communauté
                 exprime désormais sa sollicitude aux toxicomanes en les accueillant
                 pour des post-cures, au sortir de services médicaux au sein desquels
                 les patients ont été sevrés. Le « sevrage sec » se pratique à l’étranger,
                 en Italie en particulier, dans la communauté San Patrignano, qui s’est
                 prévalue de plus de 70 % de bons résultats ; à partir des quelques
                 milliers de patients accueillis par cette communauté.
                   Les structures de post cures, dont le rôle est très important, sont
                 rares en France et ont de faibles capacités d’accueil. Disant cela,
                 je pense à une structure (Éveil du Val d’Oise = EDVO) dirigée par
                 un ami (Jean-Paul Bruneau) dont l’investissement au service des
                 toxicomanes force l’admiration.


                                              176
   171   172   173   174   175   176   177   178   179   180   181