Page 179 - Desastre Toxicomanie
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Le désastre des toxicomanies en France      Morphiniques et médicaments de substitution



                   lente, rend ces manifestations imperceptibles ; son administration
                   quotidienne  assure une  occupation  permanente  des récepteurs
                   opioïdes de type mu. Se soumettant à son traitement quotidien
                   par la méthadone, le patient qui viendrait à s’injecter de l’héroïne,
                   ne parviendrait pas, comme on l’a vu pour la buprénorphine, à
                   modifier de façon brutale le niveau de stimulation de ses récepteurs
                   µ et, de ce fait, n’éprouverait pas les effets du « shoot » qu’il aurait
                   tenté d’obtenir. C’est par ce mécanisme que les médicaments de
                   substitution à l’héroïne, qui occupent en permanence les récepteurs
                   opioïdes  de type  mu, les rendent  inaccessibles  à la  stimulation
                   intense et brutale d’une injection d’héroïne. Cet objectif est atteint
                   en recourant à des molécules ayant une grande affinité pour les
                   récepteurs µ et, de surcroît, une longue demi-vie, afin d’assurer
                   une occupation permanente de ces récepteurs. Leur administration
                   régulière met à l’abri des manifestations d’abstinence.
                      Des gélules de méthadone ont été développées. Elles contien-
                   nent un gélifiant qui, lors d’une tentative de dissolution, donne
                   une solution d’une consistance très épaisse, rendant impossible
                   son administration intraveineuse.
                      Les modalités d’utilisations de la méthadone et du Subutex
                                                                                 ®
                   devraient être reconsidérées. Il y a actuellement des prescripteurs
                   « tout méthadone » pour les uns et « tout buprénorphine » pour les
                   autres. Or ce ne devrait pas être « poire ou fromage » mais poire
                   puis fromage (méthadone puis buprénorphine) comme on va le
                   justifier maintenant.
                      L’héroïnomane a installé, depuis un temps plus ou moins long,
                   un haut niveau d’occupation de ses récepteurs opioïdes, avec une
                   stimulation intense (qu’il voudrait permanente) ; mais le niveau
                   de cette occupation varie au cours du temps, oscillant entre leur
                   désaturation (contemporaine des manifestations d’abstinence) et
                   l’occupation  maximale  qui  fait  suite  à l’injection  intraveineuse
                   d’héroïne  (i.e. du «  shoot »). Le recours aux morphiniques  de
                   substitution vise à le faire rompre avec le comportement injecteur
                   et à stabiliser le niveau d’occupation  ainsi que de stimulation
                   des récepteurs mu, pour prémunir des affres de l’abstinence.
                   C’est pourquoi, prescrite par voie orale, cette substance opioïde
                   occupe, au long cours, les récepteurs opioïdes de type mu. Avec la


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