Page 177 - Desastre Toxicomanie
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Le désastre des toxicomanies en France      Morphiniques et médicaments de substitution



                      Il existe d’autres modalités que le « sevrage sec » et les
                   traitements de substitution à l’héroïne recourant à des opiacés ou
                   à des opioïdes (buprénorphine et méthadone). L’une d’elles fait
                   appel à des agonistes directs des récepteurs adrénergiques du type
                   alpha 2 (α ), comme la clonidine ou la lofexidine.
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                      La  consolidation  de  l’abstinence  une  fois  instaurée  peut
                   être aidée par l’usage d’implants délivrant  un antagoniste des
                   récepteurs  opioïdes  μ,  la  naltrexone  ;  elle  s’oppose  aux  effets
                   d’une injection d’héroïne ou d’une administration de tout autre
                   morphinomimétique.

                   Substitution par la méthadone

                      La méthadone est aussi une substance opioïde, dont la structure
                   chimique diffère nettement de celle de la morphine (conf. figure
                   supra). Comme cette  dernière, comme  l’héroïne,  comme  la
                   buprénorphine, elle stimule les récepteurs opioïdes de type mu
                   (µ). À l’instar de ces deux premières (et à la différence de cette
                   dernière),  elle stimule  les récepteurs  µ d’une façon maximale.
                   C’est donc un agoniste complet/full agoniste. Aussi, un surdosage
                   de  méthadone  peut  induire  une  dépression  respiratoire  ;  une
                   « overdose » qui comporte un risque mortel en l’absence de moyens
                   médicaux  de  réanimation.  Une nouveauté  heureuse,  dans cette
                   situation dramatique, tient à la possibilité d’administrer en spray
                   de la naloxone (antagoniste des opioïdes). De tels sprays devraient
                   être accessibles rapidement en de nombreux lieux (pourquoi pas
                   dans des conditions comparables à celles d’un défibrillateur en cas
                   d’arrêt cardiaque). Ils pourraient aussi être mis à la disposition de
                   personnes proches des patients à qui seraient délivrées des gélules
                   de méthadone. Le recours à ces sprays raccourcirait notablement
                   le  délai  de  prise  en  charge  d’une  overdose  de  méthadone,  de
                   morphine, d’héroïne, de fentanyl ou de carfentanyl. On suspectera
                   une telle overdose chez des patients cyanosés (bleus), oubliant de
                   respirer, ayant les pupilles contractées/filiformes (myosis), ayant
                   au pli des coudes ou sur le dos des mains les cicatrices d’injections
                   intraveineuses.

                      La  méthadone  se  présente  sous la  forme  d’un  sirop  épais
                   (laboratoire  Bouchara,  après  avoir  été  commercialisé  par  le


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