Page 173 - Desastre Toxicomanie
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Le désastre des toxicomanies en France      Morphiniques et médicaments de substitution



                   exprimée), c’est que la mise en solution de ces génériques comporte
                   un reliquat insoluble de la matrice galénique de ces comprimés,
                   beaucoup  plus abondant  qu’avec le Subutex  princeps. Les
                                                                 ®
                   fabricants de génériques seront incités à modifier leur formulation
                   et/ou à accroître leur sponsoring aux prescripteurs s’ils veulent
                   mieux vendre leurs produits…
                      Il  existe  sur le  marché  une  association  à  la  buprénorphine
                   d’un antagoniste des récepteurs  opioïdes mu (sur lesquels agit
                   la  buprénorphine),  la  naloxone.  Cette  association  a pour nom
                   commercial Suboxone .
                                        ®
                      Alors que la buprénorphine est bien résorbée par les muqueuses
                   de la cavité buccale et accède aisément au cerveau, la naloxone
                   qui lui est associée est, elle, très peu résorbée par voie sublinguale.
                   Ainsi, lors de l’administration sublinguale de cette suboxone , la
                                                                              ®
                   naloxone ne trouble pas le développement des effets recherchés de
                   la buprénorphine. Par contre, en cas d’administration détournée par
                   voie intraveineuse, la naloxone, comme la buprénorphine, parvient
                   au cerveau et déclenche, chez le sujet dépendant aux morphiniques,
                   un syndrome d’abstinence/de sevrage, qui le dissuade de réitérer
                   et, à tout le moins, rend inopérante l’injection de la buprénorphine.
                   Cette association est donc conçue pour empêcher le détournement
                   par voie intraveineuse de ce médicament. « Cerise sur le gâteau »,
                   pour justifier la prescription de la suboxone  au patient, on peut
                                                              ®
                   souligner que la présence de naloxone réduit et même prévient
                   la  constipation  opiniâtre  que  suscite  souvent  la  buprénorphine.
                   À partir de ces considérations, on peut s’étonner du long délai
                   qui s’est écoulé entre la mise à disposition internationale de cette
                   Suboxone  et sa commercialisation  en France. On doit aussi
                            ®
                   s’émouvoir de son faible niveau de prescription, qui peut faire
                   craindre que le fabricant la retire du marché français.
                      On doit déplorer encore que le nombre de médecins prescripteurs
                   du Subutex  soit restreint. Beaucoup de praticiens s’appliquent à
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                   écarter les toxicomanes de leur salle d’attente et de leur cabinet.
                   Cette  situation  contraint  les  nombreux  «  bénéficiaires  »  du
                   « Subu » à se concentrer sur de rares praticiens qui leur prescrivent.
                   Certains  accueillent  (ou plutôt  entrevoient)  quotidiennement
                   un nombre élevé d’héroïnomanes. Il s’agit pourtant de patients


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