Page 178 - Desastre Toxicomanie
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Le désastre des toxicomanies en France                                                                              Morphiniques et médicaments de substitution



                 laboratoire Mayoli Spindler). Il ne permet théoriquement ni son
                 injection  intraveineuse  ni son extraction  à partir  de sa solution
                  (« théoriquement », car il se dit que le recours à de grosses aiguilles
                 et à de grosses seringues permettrait à certains toxicomanes de
                 surmonter les impédimentas de cette forte viscosité). Sa prescrip-
                 tion n’est pas (encore) autorisée aux médecins généralistes. Cette
                 autorisation de prescription devrait être donnée à ceux d’entre eux
                 qui auraient suivi une formation spécifique, suivie d’un contrôle
                 des connaissances qui leur auront été enseignées. Ces médecins
                 s’engageraient  à  ne  prendre  en  charge  qu’un  nombre  limité  de
                 patients et à leur consacrer tout le temps nécessaire pour se pencher
                 sur leurs problèmes psychologiques et somatiques.
                   Par crainte  d’une consommation  excessive de méthadone,
                 conduisant à un surdosage létal, le patient doit, quotidiennement,
                 boire la dose qui lui a été prescrite soit dans le centre (CSAPA)
                 ou, à l’abri des regards, dans l’officine de pharmacie qui assure
                 sa dispensation. On ne le laisse pas quitter la pharmacie, comme
                 cela  se  fait  avec  la  buprénorphine,  avec  sa  dose  hebdomadaire
                 de méthadone, et moins encore celle d’une quinzaine de jours,
                 redoutant qu’il la consomme d’un seul trait et ainsi se suicide.
                 N’oublions pas que ces patients sont adeptes du « toujours plus »,
                 et qu’ils souffrent souvent d’autres pathologies  psychiatriques
                 (dépression…).
                   Le  sirop  de  méthadone  comporte  un  adjuvant,  le  D-xylose
                 (le sucre du bois) qui n’est pas métabolisé  par le foie ; il est
                 éliminé inchangé dans les urines, où sa présence atteste que le
                 patient absorbe effectivement la méthadone qui lui a été prescrite.
                 L’immersion  dans  l’urine  d’une  bandelette  réactive  (à  créer),
                 permettrait de s’assurer extemporanément que le patient boit et
                 ne recrache  pas le  sirop dispensé. Cette  modalité  facile  serait
                 moins onéreuse que le dosage urinaire soit de la méthadone soit
                 du D-xylose.
                   La méthadone s’élimine lentement de l’organisme, puisque sa
                 demi-vie est de l’ordre d’un jour. Son élimination est donc beaucoup
                 plus lente que celle  de l’héroïne (qui est de quelques heures).
                 L’élimination rapide de l’héroïne induit d’intenses manifestations
                 d’abstinence,  alors que celle  de la méthadone,  beaucoup plus


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