Page 172 - Desastre Toxicomanie
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Le désastre des toxicomanies en France                                                                              Morphiniques et médicaments de substitution



                 « bénéficiaire » peut s’offrir sa chère (à tous les sens du qualificatif)
                 héroïne.  Un  tel  trafic  pourrait  porter  sur  un  tiers  du  produit
                 commercialisé. Ainsi, c’est avec des fonds de la sécurité sociale
                 et les apports supplémentaires procurés par la revente du « Subu »
                 que l’héroïnomane acquière son héroïne.
                   Cette revente s’effectue à de jeunes toxicophiles, qui se voient
                 ainsi ouvrir la porte des drogues opioïdes ; ce qui les fera accéder,
                 à plus ou moins long terme, à l’héroïne. Ainsi, au motif de réduire
                 les risques de l’héroïnomane, on recrute de nouveaux candidats
                 pour cette drogue, en particulier parmi les sujets jeunes.
                   La  revente  concerne  également  des  réseaux  mafieux,  qui
                 l’exportent vers des pays où la buprénorphine est soit indisponible,
                 soit beaucoup plus chère qu’en France.
                   De plus, aberration totale, un nombre de plus en plus important
                 de  sujets  toxicomanes  s’injectent  le  produit,  après  dissolution
                 dans l’eau des comprimés de Subutex . Voilà donc un produit,
                                                      ®
                 commercialisé  pour faire rompre  l’héroïnomane avec  son
                 comportement injecteur, pour le mettre à l’abri des risques attachés
                 à l’injection intraveineuse, produit qu’il s’injecte désormais !
                   Loin de s’opposer à ce détournement d’usage, certains centres
                 «  d’aide  »  aux  toxicomanes  (qui  bénéficient  de  subventions
                 publiques) délivrent  gratuitement  (outre seringues et aiguilles)
                 des filtres, à insérer entre la seringue et l’aiguille, afin de retenir
                 les éléments insolubles de la matrice du comprimé sublingual, et
                 les soustraire ainsi à l’injection. La réponse de la présidente de
                 la MILDECA (à laquelle j’avais apporté la contradiction, sur le
                 projet des salles de shoot qu’elle défendait) au cours d’un audit
                 devant une commission de l’Assemblée nationale) fut d’exprimer
                 tout l’intérêt  qu’elle  portait  au développement  d’une forme
                 injectable de buprénorphine à haut dosage. Au lieu de corriger ce
                 détournement, les pouvoirs publics s’apprêtent donc à l’organiser.
                   Un nombre important de prescripteurs du Subutex  (comme
                                                                      ®
                 s’ils  étaient  sous  l’influence  du  laboratoire  qui  commercialise
                 ce médicament et qui sponsorise leurs réunions en diverses
                 circonstances), s’abstiennent de recourir aux génériques de la
                 buprénorphine. La raison qu’ils invoquent est de ne pas déranger
                 les patients dans leurs habitudes. Une autre raison (bien sûr non


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