Page 174 - Traité de chimie thérapeutique 6 Médicaments antitumoraux
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130             MEDICAMENTS INDUISANTDES MODIFICATIONS COVALENTES DE L'ADN

              le NH, et le carbone 3 de la D-glucosamine permet la création du cycle aziridine avec
              une configuration S,S. Ces résultats qui étaient en contradiction avec la stéréochimie
              proposée dans un premier temps pour la mitomycine C ont été à l'origine de la révision
              de l'interprétation du spectre de diffraction de rayons X.
                Le CO du groupement carbamate provient de la L-citrulline, le méthyle du groupement
              méthoxy en 9a de la L-méthionine, de même que celui du méthoxy en 7 de la mitomycine
              A1 et du groupement N-méthyle de la mitomycine B 4 ou de la porfiromycine 3.
                La partie quinonique semblerait avoir pour origine le glucose via l'acide pyruvique.
              2.2.  SYNTHÈSE
              La première synthèse des mitomycines sous forme de racémiques, décrite en 1979 par
              KisH, nécessite 47 étapes à partir du 2,6-diméthoxytoluène. Une revue a été consacrée
              aux synthèses des mitomycines et de molécules apparentées qui restent à l'état d'exer-
              cices académiques (DANISHEFSKY, 1995).
              3.   CARACTÈRES PHYSICOCHIMIQUES

              3.1.  CARACTÈRES
              Aspect : poudre cristalline bleu-violet inodore.
                Point de fusion : supérieur à 360 °C.
                               5
                Pouvoir rotatoire : [a]6 + 232° (c=0,1% dans le méthanol).
              3.2.  SOLUBILITÉS, COEFFICIENT DE PARTAGE
              La mitomycine C est soluble dans l'eau, l'acétone, l'acétate d'éthyle, le chloroforme et
              le méthanol. Elle est peu soluble dans l'éther et pratiquement insoluble dans les hydro-
              carbures.
                Son coefficient de partage est : log P mesuré (octanol : eau) = - 0,40.
                Le mélange chloroforme: isopropanol (1: 1) est utilisé pour extraire la mitomycine C
               des milieux biologiques.

               3.3.  CONSTANTES DE DISSOCIATION
               En raison de l'instabilité de la mitomycine C en milieu acide, la détermination des pKa
               par neutralisation des fonctions basiques n'est pas possible ; elle a été réalisée par
               mesure de la constante d'hydrolyse (vide infra) à différents pH.
                Après bien des controverses, en 1995 BORUAH a attribué un pKa de 2,7 à l'azote indo-
               linique, un pKa de- 1,2 (dans l'eau à 30 "C) au NH, en position 7 et un pKa de 7,6 (dans
               l'eau à 30 °C) à l'aziridine. Le deux premières valeurs correspondent à celles données
               classiquement pour des aminoquinones.
                Il a pu également démontrer l'existence d'un site acide (pKa = 12,4 dans l'eau à 20 °C)
               correspondant à la tautomérie cétoénolique entre un des hydrogènes du NH, et le car-
               bonyle en position 5 (cf. figure 4).
                Les constantes d'ionisation de la leucomitomycine C 14, hydroquinol obtenu par
              réduction de la mitomycine C (cf. schéma 2), ont également été déterminées dans l'eau
              à 30°C: pKa = 1,4 pour le groupement NH,; pKa = 5,1 à 6,1 pour l'azote indolinique ;
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