Page 305 - Traité de chimie thérapeutique 6 Médicaments antitumoraux
P. 305

12. COMPLEXES DUPLATINE                                261

              Le mécanisme, inhabituel, fait intervenir la perte des ligands NH,, ce qui conduit à
              une structure comportant une alternance d'atomes de platine et d'atomes de soufre
              (chaque platine est coordiné à quatre cystéines).
               De nombreux cas de chimiorésistance au cisplatine par hyperexpression de métal-
              lothionine ont été rapportés ; le mécanisme se résume en une « capture » du cisplatine
              par la MT dans le cytoplasme, ce qui détourne le médicament de sa cible cellulaire et
              diminue ainsi son efficacité.

             7.2.  MÉCANISMES RETARDÉS, INTERVENANT
                  APRÈS LA FIXATION SUR L'ADN
              Ils concernent divers systèmes protéiques enzymatiques dont dispose la cellule pour
              réparer les altérations de l'ADN. Deux processus généraux, non spécifiques, sont mis en
             œuvre pour restaurer l'intégrité de l'ADN :
             - d'une part, la réparation par excision de nucléotide (« nuc/eotide excision repair », ou
               système NER) ;
             - d'autre part, le système de réparation des mésappariements (« mismatch repair », ou
               système MMR).
               Des dysfonctionnements au niveau de ces systèmes sont à l'origine de cas de résis-
             tance cellulaire vis-à-vis des complexes du platine.
               • Résistance par stimulation du système NER
               Les bases contenant l'adduit de platine sont éliminées sous forme d'un oligonu-
             cléotide renfermant la lésion. Le complexe de réparation (figure 28), mobilise diverses
             protéines, dont l'ordre exact d'intervention demeure discuté :
             - des protéines de reconnaissance : les unes se dirigent vers le site de platination (XPA,
               XPC), alors que d'autres sont des protéines de liaison à l'ADN simple brin (RPA); ces
               dernières se fixent sur le brin non lésé et assurent sa protection ;
             - des endonucléases, opérant du côté 3' du nucléotide endommagé (XPG), ou du côté
               5' (XPF, ERCC1). Les endonucléases AP interviennent spécifiquement dans la répa-
               ration des sites soit dépurinés, soit dépyrimidés de l'ADN : la protéine HAP1 (human
               apurinic/apyrimidinic endonuclease) est exprimée, en particulier, dans les tissus en
               état d'hypoxie ;
             - des polymérases (B, 6, e), qui assurent la reconstruction du fragment nucléotidique
               excisé, avec l'assistance de facteurs adjuvants de la réplication de !'ADN tel que le
               PCNA (proliferating nuc/ear ce// antigen).
               L'activation de l'un des effecteurs intervenant dans l'excision des nucléotides entraîne
             une élimination rapide des adduits platine/ADN, et par conséquent, l'apparition d'une
             résistance. Ce mécanisme existe surtout pour le cisplatine :
             - l'hyperexpression de ERCC1 est souvent décrite dans la résistance des tumeurs ova-
               riennes et plus rarement dans les cancers gastriques ;
             - une hyperactivité de l'ADN polymérase B peut être également à l'origine d'une dimi-
               nution de la sensibilité tumorale. Il s'agit d'un phénomène assez général qui concerne
               non seulement le cisplatine mais aussi divers agents alkylants de l'ADN ;
             - une hyperexpression de HAP1, associée à un déficit en p53 a été observée dans
               certains cancers de la tête et du cou résistants au cisplatine et au carboplatine.
               • Résistance par désactivation du système MMR
               Le système de réparation des mésappariements intéresse l'ADN néoformé; toutefois,
             son mécanisme de fonctionnement n'est que partiellement connu. Constitué de protéi-
   300   301   302   303   304   305   306   307   308   309   310