Page 74 - Traité de chimie thérapeutique 6 Médicaments antitumoraux
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30 GENERALITES SUR LES MEDICAMENTS ANTTTUMORAUX
1.2.2. Lymphopénie et immunosuppression
La lymphopénie (lymphocytes < 1 500/L ou 1, 5 G/L chez l'adulte et < 3 000 µL ou
3 G/L chez l'enfant) peut intervenir parallèlement à la neutropénie, mais elle est plus
brève et moins sévère. L'appréciation du déficit immunitaire induit est difficile car non
corrélé au nombre de leucocytes ; il ne serait cliniquement significatif que pour une lym-
phocytose < 0,5 G/L et(ou) associée à une hypogammaglobulinémie (< 5 g/L). Le risque
infectieux : microbien, mycotique, affections virales (Herpes viridae, notamment) ou à
protozoaires (Pneumocystis carinil) peut être classé (tableau 3).
Tableau 3 : Classification des états infectieux
grade O grade 1 grade 2 grade 3 grade 4
absence inf. mineure inf. modérée inf. majeure inf.majeure
foyer mineur foyer curable avec hypotension
Aucun immumodulateur ne semble capable, pour l'instant de prévenir ou de réparer
ces déficits immunitaires. La réparation spontanée, à l'arrêt du traitement est lente, la
lymphocytose redevient normale en 2 à 4 mois mais la récupération de toute la fonction-
nalité immunitaire peut nécessiter un an. C'est alors que l'immunité vaccinale doit être
vérifiée et les vaccinations (excluant les vaccins viraux atténués) peut être reprise.
1.3. MODIFICATIONS CONCERNANT LES PLAQUETTES
La numération des plaquettes est un examen de pratique courante dans la surveillance
des traitements antitumoraux (valeurs normales : de 200 000 à 400 000/µL (ou mm?), soit
de 200 à 400 g/L; hypoplaquettose si < 150 G/L). Cependant, la thrombopénie n'appa-
rait, en général, que pour des doses supérieures à celles entraînant la neutropénie, sauf
en cas d'atteinte préférentielle de la lignée des mégacaryocytes. Le risque hémorragique
n'est pas en relation directe avec le nombre de plaquettes mais devient très important
si celui-ci est < 30 G/L et est majoré en cas de fièvre, de méningite et chez l'enfant.
Quand la valeur ci-dessus est atteinte et (ou) quand des troubles hémorragiques (fond
d'œil, urines, pétéchies) apparaissent, une transfusion de concentrés plaquettaires
s'impose. Il s'agit de concentrés soit :
- standard: 5.10'9 plaquettes dans 25 à 60 ml, à raison de 6 à 10 UP/24 h;
- soit unitaires (CUP) provenant de la cytaphérèse d'un seul donneur et qui permettent
de limiter l'auto-immunisation. Ils contiennent au moins 4,10'V plaquettes dans moins
de 50 ml.
Le nadir des thrombopénies est souvent retardé par rapport à celui des leucopénies
(2à 4 semaines) ; la récupération est plus lente. Il est nécessaire de tenir compte aussi
d'une réduction éventuelle des souches totipotentes sous l'action d'une radiothérapie
étendue ou d'une chimiothérapie intensive. Les déficits plaquettaires entrainent des
réductions de doses d'antitumoraux : de 25 % si grade 1, de 30 % si grade 2, de 50 %
pour les grades 3 et 4.
1.4. PRINCIPAUX PRINCIPES ACTIFS RESPONSABLES
DE DÉSORDRES HÉMATOLOGIQUES
Les nitrosourées présentent une toxicité médullaire retardée (4 à 6 semaines) portant
esentiellement sur les lignées granulocytaire et thrombocytaire.