Page 847 - Traité de chimie thérapeutique 6 Médicaments antitumoraux
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42. MECANISMES DE LA CHIMIORÉSISTANCE                  805

               Le système MMR est largement impliqué dans la réponse cellulaire à la méthylation
              des bases (par exemple, O-méthylguanine) sous l'action d'agents méthylants. Il met en
              jeu un premier complexe (hMutL) composé de hMLH1 et hPMS2 et un second (hMutSa)
              formé de hMSH2 et hMSH6. Les cellules dépourvues de MMR sont incapables de repérer
              l'altération due à la O-méthylguanine, donc de bloquer le cycle cellulaire : une moins
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              grande proportion de cellules tumorales entreront donc en apoptose. La 0 -alkylguany-
              lation est considérée comme la lésion majeure à l'origine de l'effet antitumoral de nom-
              breux alkylants.  L'apoptose induite par méthylation des bases semble MMR-
              dépendante ; elle est précédée par la diminution de Bcl-2, l'hypophosphorylation de Bad,
              la libération de cytochrome c hors de la mitochondrie et l'activation des caspases 9 et 3
              (cf. chapitre 1). L'induction de l'apoptose nécessite la présence de hMutSa, mais est
              indépendante de p53. L'O-alkylguanylation est donc réparable par le système MMR ou
              plus spécifiquement, par l'OGAT/MGMT (vide supra).
               En dehors de son implication dans la pathogenèse de cancers, MMR intervient dans
              la chimiorésistance. La perte de MMR empêche la cellule de détecter les dommages de
              l'ADN, d'activer l'apoptose et accroit indirectement les mutations. ln vitro, les cellules
              déficientes en système MMR résistent à l'action d'agents alkylants (procarbazine,
              témozolomide, busulfan, complexes du platine ...), ce qui a été confirmé surdes modèles
              de tumeurs in vivo. En clinique, le rôle de MMR est suspecté ; cependant, les études
              corrélant chimiorésistance au cisplatine et système NMR dans les cancers du côlon et
              de l'ovaire ne semblent pas concluantes.
                    Tableau 2 : Systèmes de réparation de l'ADN et chimiorésistance
              mécanisme de réparation cytotoxiques concernés cytotoxiques potentiellement concernés
                    OGAT          nitrosourées           alkylants
                    BER             alkylants   anthracyclines et anthracènediones
                    NER        complexes du platine
                    MMR        complexes du platine      alkylants

              5.3.  RÉPARATION PAR RECOMBINAISON
              La survie d'une cellule dépendra de la qualité de la réparation des cassures double-brins
              (CDB), obtenues après irradiation ou chimiothérapie. De nombreux agents antitumoraux
              sont capables de créer des COB au niveau de l'ADN : bléomycine, inhibiteurs de topo-
              isomérases I et Il. .. La connaissance des mécanismes de réparation est précieuse pour
              le radiothérapeute et le chimiothérapeute.
              5.3.1.  Recombinaison homologue HRR
              Dans cette recombinaison, les COB sont réparées en utilisant les séquences intactes
              homologues d'un ADN donneur normal. Une homologie de plusieurs dizaines de paires
              de bases est nécessaire entre les deux partenaires qui interagissent.
               De nombreux gènes impliqués dans la réparation HRR ont été mis en évidence : le
             gène 1 associé au cancer du sein (Breast cancer-associated gene 1, BRCA 1), BRCA2,
              les gènes RAD (RAD51, 52... ), le gène du syndrome de Werner (WRN), le gène du syn-
             drome de Bloom (BLM), ATM, ATM-related (ATR), Tip60... mais aussi p53 ou c-Abl. Leurs
              mutations et en particulier celle de BRCA 1 diminuent donc les capacités de réparation
             et augmentent l'instabilité génomique. Certains des gènes mis en jeu exercent de mul-
             tiples fonctions et concourent à l'apoptose cellulaire.
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