Page 306 - Traité de Chimie Thérapeutique 2 : Médicaments Antibiotiques
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                   La pénétration transmembranalre des aminosides chez les bactéries à
                   Gram - se fait en majorité par un mécanisme de transport actif car l'hydro-
                   philie de ces produits fait obstacle à leur passage direct. Elle comporte trois
                   phases:
                   phase 1 : non spécifique et limitée, elle consiste en une fixation sur les lipo-
                    polysaccharides externes de la membrane, suivie d'une diffusion dans le pep-
                   tidoglycane et une pénétration par les pores.
                    phase Il : lente, elle implique un transport à travers la membrane cytoplasmi-
                    que énergie  et oxygène  dépendant par une quinone de la chaîne respi-
                    ratoire, suivi de la fixation progressive sur les ribosomes. A noter que la quinone
                    est absente chez les anaérobies stricts insensibles à ces antibiotiques.
                    phase Ill : rapide et énergie-dépendante, elle est liée à une perturbation de
                    la synthèse de protéines membranaires, augmentant notablement la perméa-
                    bilité et par suite la concentration intracellulaire.
                    Ces mécanismes sont résumés sous une forme simplifiée dans la figure 3.
                    Les aminosides donnent lieu à «l'effet post-antibiotique» récemment mis en
                 évidence. Il serait lié ici à des troubles non létaux dûs à une fixation irréversible
                 des produits sur certains sites.

                 1.4.3. Relations structure-activité

                 Les fonctions amine sont indispensables et doivent participer activement à l'inter-
                 raction avec les récepteurs, en particulier l'amine en 3 sur la désoxy-2 strepta-
                 mine. Les hydroxyles jouent plutôt un rôle dans le spectre antibactérien en modu-
                 lant la pénétration de l'antibiotique.
                    Des relations plus précises ont été dégagées pour certaines structures et seront
                 évoquées pour chacune d'elles. Ces conclusions résultent de la préparation d'un
                  grand nombre de dérivés dont cependant peu ont en définitive émergé en théra-
                  peutique.

                  1.4 .4. Résistance bactérienne aux antibiotiques
                          aminosidiques

                  Comme pour la plupart des autres séries d'antibiotiques on note ici, à côté d'espè-
                  ces naturellement réfractaires, l'émergence de souches résistant aux aminosi-
                  des au sein de populations bactériennes sensibles à l'origine, surtout en milieu
                  hospitalier, lieu d'utilisation intensive. Ce phénomène atteint tous les représen-
                  tants du groupe à un degré variable, la kanamycine étant particulièrement con-
                  cernée.
                     Le mécanisme de cette résistance a pu être élucidé et explicité au plan bio-
                  chimique. Il s'agit essentiellement d'une modification des antibiotiques par des
                  enzymes codées par des plasmides transmissibles qui bloquent certains grou-
                 pes fonctionnels, limitant la fixation de l'antibiotique sur ses récepteurs, les ribo-
                 somes. Il en résulte une diminution sensible de l'activité plutôt qu'une inactivation
                 au sens propre du terme.
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