Page 343 - Traité de Chimie Thérapeutique 2 : Médicaments Antibiotiques
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9. LES TÉTRACYCLINES                                            333



                   Les bases sont très peu solubles dans l'eau, plus solubles dans l'alcool et
                   divers solvants peu polaires. Les sels sont par contre assez solubles dans l'eau
                   et dans les alcools mais insolubles dans les solvants non polaires. Leur amer-
                   tume est prononcée. Les solutions des sels sont acides ( pH1,5à 3) et facile-
                   ment hydrolysables donc instables.
                    Les tétracyclines donnent les réactions des alcaloïdes avec l'acide picrique,
                   le réactif iodomercurique ou le réactif iodoioduré. Elles peuvent conduire à
                   des erreurs lors de recherches toxicologiques.
                    Les réactions des phénols et des énols sont positives : solubilité en milieu alca-
                    lin, effet bathochrome dans le spectre UV en milieu basique, réaction colorée
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                   avec Fe +, réduction du réactif phosphomolybdique, oxydation radicalaire
                   facile, surtout à la lumière et à pH élevé.
                    Les tétracyclines possèdent la propriété de complexer les cations di- ou triva-
                    lents comme Fe   , Cu°, Fe°, co°, z° (dans l'ordre de stabilité
                   décroissante) et Ca° ou Aj". II se forme des combinaisons colorées dues
                    à une chélation dont le site varie avec le pH : systèmes cétone-énol en 11-12
                    ou cétone-phénol en 10-11 sur un des côtés du noyau naphtacène à pH bas ;
                    carbonyle (1) et groupe énol-carboxamide du cycle A à pH neutre. En parti-
                    culier, on observe des colorations relativement caractéristiques avec une solu-
                    tion de Zn Cl, à 50 %, utilisables pour une identification rapide (cf. ci-dessous
                                                                     2
                    tableau 5) : elles sont à rapporter à la complexation de Zn + , associée à une
                    déshydratation aux dépens des hydroxyles tertiaires renforçant le système
                    conjugué.
                    En milieu alcalin à pH > 8,5 les tétracyclines sont plus ou moins rapidement
                    détruites selon leur structure : une substitution chlorée en 7 accélère la réac-
                    tion par transmission au carbonyle en 11 des effets électroattracteurs du chlore,
                    mais l'oxytétracycline est la plus stable. Les dérivés formés sont biologique-
                    ment inactifs comme l'isochlortétracycline, un phtalide provenant d'un clivage
                    avec transposition du cycle C de la chlortétracycline :













                    En milieu acide, à température ordinaire, on observe une isomération en 4
                    due à une interaction 1-3 diaxiale du -NHG (CH,) avec l'hydroxyle en 12a.
                    Elle implique une participation du CO (1) et elle est réversible par alcalinisa-
                    tion. La réaction est catalysée par l'urée, les phosphates, les citrates et les
                    acétates. Chez les tétracyclines hydroxylées en 6 et à pH< 2, cette épiméri-
                    sation est limitée mais on observe la déshydratation en 5a-6, une réaction E
                    impliquant l'OH (6) protoné et le H (5a) antipériplanaires. A cet égard, la chlor-
                    tétracycline est plus résistante que la tétracycline en raison de l'empêchement
                    stérique du chlore sur la protonation de !'hydroxyle en 6. L'oxytétracycline et
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