Page 114 - Chimie organique - cours de Pau 2- Brigitte Jamart
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Chapitre 4 ■ La structure électronique des molécules


        c) Les conséquences de la délocalisation des électrons
        La conjugaison ou résonance, a deux types de conséquences, qui toutes deux jouent un rôle important
        dans le comportement chimique.

        m L'effet mésomère
        La délocalisation des électrons peut être responsable de l'existence de charges électriques fraction-
        naires (8+ ou 8-) dans l'hybride qui décrit la molécule. On dit alors qu'il s'exerce, du fait de cette
        délocalisation un fet mésomère. Celui-ci peut être donneur (+ M), de la part d'un atome ou d'un
        groupe d'atomes qui cède des électrons au reste de la molécule, ou accepteur (- M) de la part d'un
        atome ou d'un groupe d'atomes qui reçoit des électrons du reste de la molécule.
           Le buta-1,3-diène, exemple (a) du§ 4.4.1.a a précédemment été décrit comme un hybride de deux
        formes limites. Mais on doit en considérer aussi une troisième, obtenue en opérant un déplacement
        d'électrons opposés à celui qui conduit à la seconde :


           {CH,=CH CH=CH,· CH,CH=CH CH, < CH,CH CH CH,}
                      A                           B                            C

           Les formes B et C, de même structure, ont a priori le même poids, par ailleurs faible. Les charges
        8+ et 8- qu'elles apportent dans l'hybride se compensent donc exactement et, dans la molécule réelle
        il n'y a pas de pôles positif et négatif (cette conclusion rejoint du reste celle qui résulterait de simples
        considérations de symétrie).
           Le «portrait-robot » de l'hybride est donc simplement:




        mais le faible poids des formes B et C par rapport à la forme A permet de dire que le caractère « partiel-
        lement double» de la liaison centrale est plus faible que celui des deux liaisons extrêmes. Il n'y a pas,
        en ce cas, d'effet mésomère.
           L'acroléine a été décrite comme l'hybride de deux formes limites. En ce cas également, on pourrait
        en envisager une troisième :

                                                                            CH CH o}
            {CH,= CH CH O CH, CH= CH O< CH,

           Mais le poids de cette troisième forme est plus faible que celui des deux autres, car l'oxygène,  p
        élément fortement électronégatif, y est le siège d'une charge+. Elle peut être, en première approxima-
        tion négligée par rapport aux deux premières, et l'hybride est donc effectivement décrit par:  § 4.4.1.b
                                         0+                  6
                                         CH,CH CH O

           Les charges ô+ et ô, dont la valeur absolue dépend du poids relatif donné à chacune des deux
        formes limites retenues, résultent d'un qfet mésomère, donneur de la part du groupe C=Cet accep-
        teur de la part du groupe C = 0.
           Les charges créées par l'effet mésomère sont distinctes de celles qui peuvent, par ailleurs,  " p
        del'effet inductifetse superposent éventuellement2elles.Ainsi dans l'acroléineCH,=CH CH=O,
        l'effet inductif exercé par l'oxygène crée un déficit sur la chaîne carbonée, principalement localisé sur  § 4.3.2
        le carbone du groupe CH= 0 (il s'affaiblit ensuite rapidement). L'effet mésomère, quant à lui, crée un
        déficit localisé sur le carbone du groupe CH,:

                                             6+..........6 « Effet inductif
                               CH CH CHO
                                  2
                               ô+                   0- ~ Effet mésomère

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