Page 253 - Chimie organique - cours de Pau 2- Brigitte Jamart
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Partie Il ■ Chimie organique descriptive
10.1 CARACTÈRES PHYSIQUES
L'acétylène (Eb = - 83 °C sous 1 atm), le propyne et le but-1-yne sont gazeux à la température ordi-
naire. Les autres termes sont liquides, puis solides, à mesure que leur masse moléculaire augmente.
La formation del' acétylène selon la réaction :
2C +H, C,H,
est endothermique (AH= + 230 kJ · mol ). L'acétylène est, pour cette raison, instable. Il tend à se
décomposer en carbone et dihydrogène, de façon parfois violente, surtout s'il est comprimé ou
liquéfié. Cette particularité a longtemps gêné son utilisation dans les diverses applications qu'il
peut recevoir. On peut cependant le transporter sans danger sous forme de solution dans l'acétone,
où il est très soluble, et l'utiliser sous une légère pression dans les synthèses industrielles à condi-
tion de le diluer avec un gaz inerte (diazote), et de chasser au préalable totalement l'air des
installations.
Cette réaction ne constitue pas, en pratique, une synthèse de l'acétylène, mais elle est réalisable à la
température de l'arc électrique (environ 2 500 'C), comme dans la célèbre expérience de « l'euf élec-
trique» de Berthelot (1860) : il se forme un peu d'acétylène si l'on fait fonctionner un arc électrique
entre deux électrodes de carbone, dans une atmosphère d'hydrogène.
° 10.2 RÉACTIVITÉ
§ 10.2.1 Il convient de distinguer les propriétés de la triple liaison, communes à tous les alcynes, et celles de
à 10.2.3 l'hydrogène portépar un carbone triplement lié, particulières aux alcynes vrais.
a) La triple liaison CC
Elle présente une réactivité assez analogue à celle de la double liaison :
2 • elle offre des possibilités de réactions d'addition, qui s'accomplissent en deux stades ; le premier
chap. 9, conduit à la formation d'une double liaison et le second à celle d'une liaison simple (ce second
stade correspond donc, en fait, aux possibilités réactionnelles de la double liaison) ;
§ 9.2
• elle constitue un point vulnérable de la chaîne, en présence d'oxydants.
Mais bien que le groupe C=C représente une densité électronique globale supérieure à celle du
groupe C = C (deux doublets TC au lieu d'un), la triple liaison est moins réactive que la double liaison
à l'égard des réactifs électrophiles. En effet, la triple liaison est notablement plus courte que la double
2 liaison. Le recouvrement des orbitales p est donc meilleur, et les électrons TC sont, en définitive, moins
chap. 2, disponibles.
§ 2.4.1 Dans certains cas, l'attaque par des réactifs nucléophiles (anions) est même possible (addition de
HC=N, par exemple).
b) L'hydrogène terminal des alcynes vrais est labile
Ce terme signifie qu'il présente une aptitude marquée à se laisser « arracher » par une base, sous la
forme H. Dans ces conditions, la rupture de la liaison C-H conduit à un carbanion :
1
R C CH+B R C C +BH
2
Ce carbanion (parfois appelé « alcynure ») peut être produit par l'action de bases fortes diverses
2 (R,NH,, ...). Il est nucléophile, c'est-à-dire porté à réagir avec les sites déficitaires en électrons. Sur
chap. 5, un carbone déficitaire saturé (dérivé halogéné) il provoque une substitution; sur un carbone défici-
§ 5.3.2.b taire non saturé (aldéhyde, cétone) il provoque une addition.
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