Page 350 - Chimie organique - cours de Pau 2- Brigitte Jamart
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Chapitre 15 ■ Les alcools

                                  c
           CH,CH,                       -88,5   J     CH, CH,Br              IL      38,4   J
                                                J                            E       72,3   J
           CH,O-CH, ~L -24,0                          CH, CHI
                         :I=
           CH, CH,CI                     13, 1  J     CH, CH, OH       :E            78,3   J
                         :T-                                                        • _J
           CH,CH=O                       20,8   J     CH,CO,H



           Il apparaît clairement quel' élévation très importante du point d'ébulition consécutive au remplace-
        ment d'un H de l'éthane par un groupe OH(+ 167°) n'est pas due à l'augmentation de la masse molé-
        culaire qui en résulte. L'éther CH, O CH, isomère del' éthanol CH, CH,OH, bout beaucoup
        plus bas que lui, et l'iodure d'éthyle CH, CH,I, bien que beaucoup plus lourd que lui, bout cepen-
        dant plus bas également. Seul l'acide acétique bout plus haut.
           La valeur élevée des points d'ébullition des alcools est due à l'existence de liaisons intermolécu-
        laires, appelées liaisons hydrogène. Celles-ci résultent de la forte polarisation de la liaison OH,  p
        qui entraîne la présence de charges partielles importantes sur O et sur H. Il se manifeste des forces
        d'attraction électrostatiqueentrel' oxygène d'une molécule et l'hydrogène d'une autre, qui provoquent  Sur ce sujet, on
                                                                                                 pourra consulter
        des « associations » de molécules, en nombre plus ou moins grand (on dit, d'ailleurs, que les alcools  également le
        sont des liquides « associés »). Ces associations peuvent, par exemple, prendre les formes suivantes :  Cours de Chimie
                                                                                                   physique
                                                                                                  chap. 7, § 7.3.2
                                                             R                    R
                                                              1 ô-                 1 ô-
                                                             0
                                                        +      6+            6+   Os
                                                        H         H          H          H
                                                  _ô-/              ···..._ô-/
                                                  ·o                   O
                                                   1                    1
                                                   R                    R
               Structure « dimère »                      Structure « polymère »


         La liaison hydrogène est loin d'être aussi forte qu'une liaison covalente normale, et la mise en solu-
         tion d'un alcool (dans un solvant qui ne soit pas susceptible de former lui-même des associations de
         ce type) suffit à la rompre par dispersion des molécules au sein du solvant. Mais elle augmente
         néanmoins l'énergie nécessaire pour libérer une molécule des interactions exercées par ses voi-
         sines dans la phase liquide, et la faire passer dans la phase gazeuse, et l'élévation du point d'ébulli-
         tion en est une conséquence. La liaison hydrogène a également un effet sur la viscosité, qui est plus
         grande que pour un liquide non associé, car elle réduit la mobilité des molécules les unes par rap-
         port aux autres.


           La liaison hydrogène existe dans tous les composés organiques possédant un H acide lié à un hété-
        roatome (alcools R-OH, phénols Ar-OH, acides R-CO-OH, amines RR'NH ou RNH,) et
        également dans certains composés minéraux (eau, H-OH, fluorure d'hydrogène HF). Dans tous les
        cas, elle a pour conséquence une forte élévation du point d'ébullition par rapport à la valeur prévisible
        en fonction de la masse moléculaire, ou par analogie avec des composés voisins.
           Les premiers termes des alcools sont solubles dans l'eau, grâce à l'établissement de liaisons hydro-
        gène mixtes, entre les groupes OH de molécules d'alcool et de molécules d'eau. Mais cette solubilité
        diminue à mesure que la masse moléculaire augmente, car la partie hydrocarbonée de la molécule
        prend de plus en plus d'importance par rapport au groupe fonctionnel, et il y correspond une insolubi-
        lité dans l'eau (les hydrocarbures y sont insolubles).




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