Page 80 - Chimie organique - cours de Pau 2- Brigitte Jamart
P. 80

Chapitre 3 ■ La stéréoisomérie


          Exemple
           Détermination de la configuration absolue de l'acide lactique, par corrélation avec le glycéraldéhyde.
           Il est possible de passer du glycéraldéhyde à l'acide lactique par une série de réactions qui ne com-
           portent aucune participation des liaisons du carbone asymétrique et qui, par conséquent, laissent sa
           configuration inchangée:


                                                                       Zn        OH
                                                                      "          Ce.
                                                                                 1
                                                                           c       >on


            (+)-glycéraldéhyde                                                acide (-)-lactique

           On constate alors qu'en partant du (+)-glycéraldéhyde (c'est-à-dire de l'isomère dextrogyre de cet al-
           déhyde, de configuration connue) on obtient l'acide (-)-lactique (lévogyre), dont la configuration se
           trouve ainsi élucidée; on peut voir que c'est une forme «R».
           Il apparaît donc que l'isomère lévogyre de l'acide lactique possède la configuration« R» de sorte que
           l'isomère dextrogyre possède la configuration « S». Ces deux isomères peuvent dès lors recevoir une
           appellation qui indique à la fois leur configuration absolue et le signe de leur pouvoir rotatoire: ce
           sont l'acide (-)-(R)-lactique et l'acide (+)-(5)-lactique.
           Ce résultat étant acquis, l'acide lactique peut devenir, à son tour, une référence pour établir par cor-
           rélation la configuration absolue d'autres composés.

           La nomenclature D, L
        Au lieu d'indiquer la configuration absolue, Rou S, d'un composé comportant un carbone asymé-
        trique, on indique parfois avec quelle forme, dextrogyre ou lévogyre, du glycéraldéhyde il peut être
        mis en corrélation. On fait alors précéder son nom de la lettre D sic' est avec la forme dextrogyre, ou
        de la lettre L sic' est avec la forme lévogyre. Mais, de même que les symboles R et S, les symboles D
        et Ln' ont pas de rapport avec le signe du pouvoir rotatoire de ce composé, qui doit donc être précisé
        indépendamment de la manière habituelle.

          Exemples
           L'acide (-)-(R)-lactique, dont la configuration est directement reliée à celle du (+)-glycéraldéhyde (cf.
           plus haut), est souvent désigné comme acide (-)-(D)-lactique; sa forme dextrogyre sera alors l'acide
           (+)-(L)-lactique.
           Dans ces deux noms(-) et(+) indiquent le signe du pouvoir rotatoire de l'acide lactique, alors que (D)
           et (L) indiquent sa configuration absolue: l'acide lactique lévogyre(-) a la même configuration abso-
           lue que celle du glycéraldéhyde dextrogyre (D), et l'acide lactique dextrogyre(+) a la même configu-
           ration absolue que le glycéraldéhyde lévogyre (L).

                          *
           L'alanine CH, CH(NH,) COOH correspond à un acide lactique dans lequel le groupe OH
        aurait été remplacé par le groupe NH,, et sa forme dextrogyre a la même configuration absolue que
        l'acide lactique dextrogyre. On peut donc dire que, comme celui-ci, elle se relie au (-)-glycéraldé-
        hyde, et la désigner soit par(+)-(S)-alanine soit par (+)-(L)-alanine.
           Cette nomenclature, qui n'est utilisée que pour certaines familles de composés (glucides, acides
        aminés) sejustifie surtout si, par ailleurs, on utilise pour représenter la configuration de ces composés 2
                                                                                                 chap. 22,
        la convention de Fischer, qui sera exposée ultérieurement.                               § 22.2.1
           Lorsque deux molécules sont stéréoisomères, c'est-à-dire ne diffèrent que par des caractères
        géométriques, mais ne sont pas énantiomères (pas images l'une del' autre par rapport à un plan), elles
        sont diastéréoisomères.
           Deux cas de diastéréoisomérie seront envisagés ici : celui des composés comportant deux ou plusieurs
        carbones asymétriques, et celui del' enchaînement éthylénique (double liaison carbone-carbone).

                                                                                             59
   75   76   77   78   79   80   81   82   83   84   85