Page 128 - Traité de Chimie Thérapeutique 4 Médicaments en relation avec des systèmes hormonaux
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2. MÉDICAMENTS DU DIABÈTE SUCRÉ UTILISABLES PAR VOIE ORALE
11. EFFETS SECONDAIRES
Le risque le plus souvent encouru lors de la prise de sulfonylurée est constitué par
l'hypoglycémie avec possibilité éventuelle de perte de connaissance ; les causes les
plus fréquentes sont :
- absorption accidentelle, particulièrement dangereuse chez le jeune enfant,
- administration injustifiée dans les cas où le régime suffit à lui seul à équilibrer le dia
bète,
- surdosage surtout chez les sujets âgés pour lesquels il convient de diminuer la
posologie, une glycémie mal contrôlée étant préférable à un risque de surdosage,
- jeûne ou absorption insuffisante d'hydrates de carbone,
- insuffisance rénale et (ou) hépatique,
- absorption importante d’alcool pouvant majorer la réaction à l'hypoglycémie (inhibi
tion des réactions de compensation).
Il est donc recommandé de ne pas commencer le traitement d'un DNID d’emblée
par les sulfonylurées mais de faire précéder la prescription d'une période de régime
hypocalorique et hypoglucidique de façon à contrôler les glycémies à jeun et post
prandiale, si possible par le régime seul.
Il est également recommandé de prêter la plus grande attention à l’âge du patient.
Les glycémies mal contrôlées par le régime peuvent être tolérées chez les vieillards
- à la différence des individus d'âge mûr - sans qu'il soit nécessaire de prescrire des
sulfonylurées.
La prescription doit être progressive et prudente, avec surveillance des glycémies à
jeun et après le repas dans les premiers jours du traitement.
Les hypoglycémies consécutives aux surdosages se manifestent d'abord par
sueurs, pâleur, fringale, tachycardie, sensation de malaise, puis dans les cas graves,
par des troubles comportementaux, perte de connaissance et (ou) coma ou paralysie.
Il existe un risque important de complications : infarctus du myocarde, accident
vasculaire cérébral. Parce que souvent profondes et prolongées, les hypoglycémies
peuvent entraîner des séquelles neurologiques définitives (encéphalopathies post
hypoglycémiques). Dans les manifestations bénignes, l’interruption du traitement et la
prise orale de sucre sont souvent suffisantes ; par contre dans les manifestations
graves, la thérapeutique d'urgence consiste en la perfusion par voie veineuse stricte
de solution glucosée (à 30 puis 10 p. cent), prolongée 36 heures pour éviter les
rechutes) et l’hospitalisation du malade. Par contre, le glucagon ne doit pas être utilisé
car il pourrait entraîner une rechute hypoglycémique par hypersécrétion secondaire
d'insuline.
Les autres effets secondaires, beaucoup moins graves sont :
- réactions cutanéo-muqueuses, en particulier, urticaire, prurit, exanthème, éruptions
maculo-papuleuses. Quelques cas de syndrome de Lyell ont été décrits (carbuta-
mide),
- troubles digestifs (nausées, gastralgies, diarrhées, constipations) rares et difficiles à
apprécier compte tenu de la pathologie,
- très rares ictères cholestatiques et élévation des transaminases sériques,
- troubles hématologiques réversibles : thrombocytopénie, agranulocytose ou leuco
pénie, anémie,
- effet "antabuse" en cas d'ingestion d'alcool (tolbutamide surtout ; chlorpropamide,
glibenclamide, glipizide exceptionnellement).