Page 145 - Traité de Chimie Thérapeutique 4 Médicaments en relation avec des systèmes hormonaux
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             L'effet essentiel des biguanides peut donc être qualifié d'antihyperglycémique en
           diminuant la résistance à l'insuline par action directe sur les cellules cibles de l'insu­
           line principalement dans le foie et le muscle.
             Expérimentalement, chez l'animal - mais aussi chez l'Homme - la diminution de la
           néoglucogénèse avec abaissement de la libération de glucose a été démontrée
           notamment avec la metformine. Cette freination de la néoglucogénèse hépatique est
           proportionnellement plus faible (9 à 17 %) que la baisse de la glycémie basale (27 à
           40 %) chez des patients atteints de DNID. Ceci indique que d'autres activités existent
           qui favorisent l'utilisation périphérique du glucose sous l'influence de l'insuline.
             Le mécanisme chimique d'action pourrait impliquer une fixation de l'extrémité lipo-
           phile du biguanide sur les lipoprotéines membranaires alors que la partie ionique (le
           biguanide est protoné au pH physiologique) modifierait les potentiels électrostatiques
           de surface. Ceci pourrait provoquer selon les cellules, tissus, organes ou espèces des
           effets métaboliques pouvant être différents. Chez les sujets sains, des mécanismes de
           contre-régulation viennent masquer les effets du médicament et la glycémie n'est pas
           modifiée ; au contraire chez les diabétiques, l'hyperglycémie est réduite.

           7.    DONNÉES PHARMACOCINÉTIQUES

           La metformine présente une absorption digestive - sans doute localisée dans la partie
           supérieure de l'intestin - variable et incomplète ; la biodisponibilité est moyenne avec
           d'importantes variations inter-individuelles (30 à 75 %), l'effet de prise alimentaire ne
           semble pas entraîner de modification sensible.
             Pour une prise orale de 500 mg, la concentration maximale (0,6 à 2,25 mg/l) est
            atteinte en 1 à 3 h. Il n'y pas de premier passage hépatique important et pas de bio­
            transformation. Ceci est l'objet de quelques controverses : diverses études, aussi bien
            chez l'animal que chez l'Homme, n'ont pu mettre en évidence de métabolite urinaire,
            mais environ 20 % de la dose ne sont pas retrouvés.
              La metformine - à la différence des sulfonylurées - ne se fixe pas aux protéines
            plasmatiques, le volume de distribution varie de 1 à 5 l/kg ; il existe une importante
            fixation au niveau de l'œsophage, de l'estomac, du duodénum ainsi qu'à celui des
            reins et des glandes salivaires. L'élimination rénale - sous forme inchangée - par
            sécrétion tubulaire empruntant le système de transport actif des cations, varie de 30 à
            60 % ; l'élimination fécale oscille de 20 à 30 %. 90 % de la dose administrée sont au
            total éliminés en 12 h.
              La metformine présente le phénomène de non-linéarité : diminution de la biodispo­
            nibilité (de 86 à 42 %) et diminution de la quantité excrétée par l'urine (de 90 à 42 %)
            lors d'augmentation de la dose de 0,5 à 2g (Isnard étal.).

            8.    PRÉSENTATIONS PHARMACEUTIQUES

            En France, seule la metformine est disponible. Le tableau 6 indique les diverses spé­
            cialités qui en contiennent sous la forme de trois sels différents.
              La metformine fait l'objet d'évaluations pour son introduction prochaine sur le mar­
            ché des USA.
              La phenformine a été retirée dans pratiquement tous les pays, la buformine n'est
            présente que sur quelques marchés : Afrique du Sud, Argentine, Belgique, Espagne,
            Suisse...
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