Page 236 - Traité de Chimie Thérapeutique 4 Médicaments en relation avec des systèmes hormonaux
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J. ÉDULCORANTS DE SYNTHÈSE                                       197


           Enfin, Tinti et Nofre (1991) ont mis en évidence jusqu'à huit sites fonctionnels sur
         certaines molécules sucrées. Ils ne seraient pas tous obligatoires, mais moduleraient
         le pouvoir sucrant.
           On retrouve les groupements AH, B et X (ou G) précédemment évoqués, et d'autres
         intervenant dans la liaison avec le récepteur.
           Chaque édulcorant est donc capable de provoquer un message neuro-sensoriel à
         partir des bourgeons du goût, message dont la cascade de réactions impliquées n'est
         pas entièrement élucidée.

             _ structure
           | glucophore       épithélium lingual

                              liaison AH, B, X
              récepteur                           vésicules
                                                  synoptiques
             membranaire
                                propagation
                              d'une modification
                               membranaire        excitation des"
                                 vers le          terminaisons ।
                              . pôle basal .     . nerveuses J
                                                        [ stimulus!
                                                        nerveuxj
                              (d'après Sato et Beidler)


           Le complexe molécule édulcorante-récepteur, par l’intermédiaire d'une protéine Gs
         couplée positivement à l'adénylate-cyclase, entraînerait l'augmentation du taux
         d'AMPc.
           L'AMPc formé activerait à son tour une protéine kinase qui, par le biais d'un grou­
        pement phosphate issu de l'ATP, bloquerait des canaux potassiques. Ce blocage a
        pour effet de modifier le potentiel électrique de la cellule, générant un flux nerveux des
        cellules en aval, jusqu'au cerveau. Le message sensoriel est au total transmis à deux
        territoires cérébraux :
        -  cortical, pour la réponse cognitive,
        -  limbique et hypothalamique, pour la réponse hédonique, et interprété en sensation
          sucrée.
           Il apparaît au total que le mode d'action précis des édulcorants de synthèse est loin
        d'être élucidé.
           D'autres points d'interrogation subsistent par ailleurs, en ce qui concerne d'éven­
        tuels effets délétères.
          Aussi est-il sage d'adopter une position de prudence dans le cadre de leur utilisa­
        tion, d'autant que leurs emplois se veulent particulièrement extensifs, au point de voir
        apparaître à l'horizon de nouvelles générations d'édulcorants encore plus perfor­
        mants, des arylurées, des guanidines substituées, des peptides... dont le pouvoir
        sucrant serait de 50 à 100 fois supérieur à celui des produits utilisés à ce jour.
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