Page 588 - Traité de Chimie Thérapeutique 4 Médicaments en relation avec des systèmes hormonaux
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12. ANTI-PROGESTATIFS                                       547

             En 1 à 2 heures, le taux plasmatique du dérivé N-monométhylé est plus élevé que
           celui de la mifépristone. Les métabolites N-monométhylé et hydroxylé possèdent un
           effet d’environ 30 % de celui de la mifépristone.
             La demi-vie d’élimination est de 18 à 24 heures ; les variations observées pour­
           raient être dues à un cycle entéro-hépatique. L'élimination de la mifépristone et de ses
           métabolites se fait par voie biliaire (90 %) et par voie urinaire (10 %).

           2.8.  PROPRIÉTÉS PHARMACOLOGIQUES

           La mifépristone inhibe l'action de la progestérone par un mécanisme mettant en jeu le
           récepteur nucléaire correspondant. Il en résulte un blocage par effet compétitif, sans
           apparition d'effet agoniste significatif aux doses utilisées.
             /n vitro, vis-à-vis du récepteur de la progestérone issu d'utérus de lapine, la mifé­
           pristone possède une affinité 5 fois supérieure à celle de l’hormone naturelle. Vis-à-vis
           du récepteur aux glucocorticoïdes issu du thymus de rat, l’affinité de la mifépristone
           est 3 fois supérieure à celle de la dexaméthasone.
             in vivo chez la lapine, la souris et la guenon, la mifépristone administrée par voie
           orale inhibe l’action de la progestérone endogène ou exogène, à des doses voisines
           de 3 à 10 mg/kg. Il en résulte un effet abortif chez la rate à tout moment de la gesta­
           tion ; le même phénomène est observé chez la lapine à partir de 3 mg/kg administrés
           par voie orale.
             Chez la femme, à partir de 1 mg/kg (voie orale), la mifépristone s’oppose aux effets
           de la progestérone sur l'endomètre. Elle déclenche la menstruation lors de la deuxième
           partie du cycle et provoque la régression lutéale. Chez la femme enceinte, le placenta
           produisant l'hormone naturelle est fonctionnel vers la 8ème semaine ; la progestérone
           permet notamment la mise au repos de l’utérus. La mifépristone s’oppose à l’action
           progestative de la progestérone et induit rapidement la reprise de la motricité utérine.
           Lorsque l'administration de mifépristone se situe précocement (5e semaine de la gros­
           sesse), l’effet abortif est maximal : hypertonie utérine, ramollissement du col, hémorra­
           gie avec décollement du placenta, avec participation des prostaglandines. Entre la 6e
           et la 10e semaine de la grossesse, les taux d'échecs augmentent et seraient impu­
           tables à une inhibition incomplète de la progestérone sécrétée à un taux élevé.
             La mifépristone inhibe également l’action des glucocorticoïdes. In vivo chez le
           Lapin, des doses de 10 mg/kg (voie orale) antagonisent l'action de la dexaméthasone.
             Chez l’Homme, à partir de 4 mg/kg, il est observé une augmentation de la produc­
           tion d'ACTH et de cortisol. Ce résultat s’explique par une action sur les processus du
           rétrocontrôle sur l'axe hypothalamo-hypophysaire.
             L’affinité de la mifépristone est faible ou nulle vis-à-vis des récepteurs aux andro­
           gènes, aux estrogènes et aux minéralocorticoïdes. Cependant, chez l'animal, un léger
           effet anti-androgène apparaît lors d'administration prolongée et à dose élevée.

           2.9.  INDICATIONS
           2.9-1. Interruption volontaire de la gestation :
                  lors de grossesse intra-utérine
           Cette intervention est soumise, en France, à la réglementation sur l'IVG et n'est léga­
           lement pratiquée que dans des centres spécialisés agréés ; la première consultation
           doit avoir lieu dans un délai de 40 jours d'aménorrhée.
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