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- La Thyroxin Binding Globulin (TBG). C'est une glycoprotéine riche en acide sialique,
migrant entre les a, et les 02 globulines, de masse moléculaire d'environ 63 kDa. Sa
concentration plasmatique est comprise entre 18 et 28 mg/l. La TBG fixe indifférem
ment T4 et T3 mais elle présente une plus grande affinité (6 à 8 fois plus grande) pour
T4 que pour T3. Environ 60 % des hormones thyroïdiennes liées sont transportées par
la TBG. Elles constituent une réserve non diffusible exerçant un effet tampon sur leur
biodisponibilité.
La TBG est également capable de fixer certaines substances médicamenteuses
telles que phénytoïne, diazépam, héparine, salicylés. Ces substances peuvent dépla
cer la T4 et augmenter ainsi sa fraction libre.
La synthèse et la concentration de TBG sont majorées par les estrogènes, ce qui
entraîne une diminution de la fraction libre des hormones thyroïdiennes. Par contre,
les androgènes exercent un effet inverse.
- La Thyroxin Binding Prealbumin (TBPA) ou Transtyréthrine (TTR) est une protéine
migrant avant l'albumine, de masse moléculaire voisine de 54 kDa ; sa concentration
plasmatique est environ 300 mg/l. Sa structure a été déterminée par cristallographie
de RX : elle est formée de 4 sous-unités de 127 amino-acides chacune, délimitant un
canal central où se trouve un site de liaison adaptable aux diverses hormones thyroï
diennes et comportant des poches hydrophobes en face des atomes d'iode. La TBPA
fixe plus spécifiquement la T4. Environ 30 % de la totalité des hormones sous forme
liée sont transportés. La pénicilline, le salicylate, ainsi que d'autres substances, peu
vent déplacer la T4 de sa liaison à la TBPA.
Le stress, la dénutrition et certaines maladies chroniques peuvent diminuer la
concentration de TBPA.
- Lorsque ces deux protéines spécifiques sont saturées, la T4 et la T3 peuvent se lier
à la sérumalbumine, mais avec une faible affinité. Seulement 10 % de la T4 sont ainsi
transportés ; en conséquence, les variations de l'albuminémie ne retentissent que très
peu sur le taux de thyroxine libre.
La demi-vie plasmatique de la lévothyroxine est environ de 5 à 7 jours et celle de la
liothyronine de 1 jour.
Les hormones thyroïdiennes ne franchissent pratiquement pas la barrière placen
taire. Elles sont retrouvées par contre dans le lait maternel.
La liothyronine a une action rapide (maximale en quelques heures) et brève (obli
geant à administrer plusieurs prises par jour). Son effet pharmacologique maximal se
situe entre le 2e et le 3e jour après le début du traitement. Elle est biologiquement plus
active que la lévothyroxine.
L'action de la lévothyroxine est progressive et suffisamment prolongée pour autori
ser une seule prise quotidienne. L'état d'équilibre ne sera atteint qu'après 4 à
6 semaines de traitement.
Le métabolisme comprend deux voies principales :
- la désiodation,
- la désamination oxydative,
auxquelles il convient d'ajouter la conjugaison.
• La désiodation
Une importante fraction de T4 se transforme en T3 dans les tissus (principalement
au niveau du foie et des reins) par désiodation enzymatique en position 5' (il existe
deux types de 5'-désiodases). Il est considéré actuellement que la lévothyroxine est
une pro-hormone qui produit environ 75 % de la T3 circulante.