Page 822 - Traité de Chimie Thérapeutique 4 Médicaments en relation avec des systèmes hormonaux
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            19. LA VITAMINE A ET LES RÉTINOÏDES

            L'acide rétinoïque entraîne l'activation d'un gène dit ''Sonic hedgehog" connu pour
           son rôle-clé dans les inductions responsables de l'organisation du système nerveux
            central et des membres (Concordet J.P., Morphogénèse, acide rétinoïque... et Sonic
            Hedgehog, Médecine/Sciences, 1994,10, 570-573).


           8.    INDICATIONS THÉRAPEUTIQUES
           Les besoins physiologiques en vitamine A sont normalement couverts par un apport
           alimentaire varié. Dans le cas contraire, l'organisme mobilise ses réserves hépatiques
           et les besoins sont alors assurés pendant quelques mois. La grossesse, l'allaitement
           et la croissance les augmentent sensiblement.

           8.1.  HYPOVITAMINOSE ET AVITAMINOSE A
           Le déficit en vitamine A sévit surtout dans les pays en voie de développement où il est
           dû le plus souvent à une insuffisance d'apport prolongée, associée à une malnutrition
           et (ou) lorsque l'alimentation est dépourvue de rétinol ou de provitamines A (ex : le riz
           dans les pays du sud-est asiatique).
             Il peut s'agir aussi d'une carence secondaire à une transformation insuffisante du
           P-carotène ou d'une malabsorption digestive (maladie cœliaque, mucoviscidose,
           insuffisance pancréatique ou gastro-entérite chronique...), ou encore à une anomalie
           liée au stockage (cirrhose) ou au transport de rétinol (malnutrition protéique).
             La gravité de l'avitaminose A est généralement inversement proportionnelle à
           l'âge ; elle entraîne fréquemment des retards de croissance chez l'enfant, et, à tout
           âge, une plus grande sensibilité aux infections.
             La manifestation du déficit en vitamine A la plus spectaculaire se localise au niveau
           de l'œil. Le syndrome appelé xérophtalmie ("œil sec") se traduit par un xérosis (kérati­
           nisation de la conjonctive et de la cornée), avec ou sans taches de Bitot, et évolue
           vers une kératomalacie (kératite profonde), une ulcération de la cornée et un risque de
           rupture et d'exclusion du contenu oculaire. Le signe précoce de déficience en vita­
           mine A est la mauvaise adaptation à la vision nocturne (héméralopie1). La xérophtal­
           mie représente la première cause de cécité chez le jeune enfant dans les pays en voie
           de développement.
             A côté de ces manifestations ophtalmiques, est aussi observée au niveau de la peau
           et des muqueuses, une kératinisation des épithéliums (digestif, pulmonaire et urinaire).
             Les taux plasmatiques normaux de rétinol varient de 0,2 à 0,5 mg/l ; l'hypovitami-
           nose apparaît lorsque ce taux devient inférieur à 0,1 mg/l.

           8.2.  MALADIES CUTANÉES
           La vitamine A a été utilisée dans le traitement de l'acné, du psoriasis, de la maladie de
           Darier... L'introduction des rétinoïdes de 1re et 2° générations aux propriétés vitami­
           niques plus réduites, a largement supplanté l'usage du rétinol dans ces indications.

           1. L'héméralopie correspond au terme anglais 'nyctalopia' ou “night blindness" qui s'oppose à la
           définition du mot français “nyctalopie". Le terme anglais 'hemeralopia' signifie : vision meilleure en
           lumière faible, c'est-à-dire le contraire de son acception française.
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