Page 91 - Traité de Chimie Thérapeutique 4 Médicaments en relation avec des systèmes hormonaux
P. 91
52 MliDICAMENTS EN RELATION AVEC DES SYSTÈMES HORMONAtX
1. LE DIABÈTE INSULINO DÉPENDANT
Il concerne, en France, environ 150 000 personnes avec une incidence maximale lors
de la période pubertaire ; mais au-delà de 20 ans, elle demeure de 4 à 8 cas pour
100 000 individus. Les cellules p du pancréas sont détruites par un mécanisme auto
immun médié par les lymphocytes T - ce qui justifie les tentatives d'utilisation de la
ciclosporine - et une déficience insulinique s’installe. Cette pathologie apparaît très
généralement avant 40 ans avec symptômes aigus : perte de poids avec cétonurie et
possibilité d'acidocétose. Les facteurs génétiques jouent un rôle important dans l'ap
parition de la maladie : les groupes HLA-DR3 et DR4 semblent prédisposer à une
agression extérieure, peut-être virale.
C'est la déficience aiguë en insuline qui indique la thérapie, c’est-à-dire l'injection
(SC le plus souvent) d'insuline dans le but de rétablir la situation euglycémique ou de
ramener la glycémie à des valeurs les plus proches possibles de la normalité. Il est, en
effet, bien établi qu'en dehors des risques de coma hyperglycémique avec éventuelle
acido-cétose, les effets secondaires dus à l'hyperglycémie présentent des gravités en
relation avec la durée et l'importance de l'hyperglycémie. La glycosylation et le cross-
linkage de protéines-clés (la glycosylation de l'hémoglobine : HBA1C en est le témoin),
l'apparition de métabolites anormaux (sorbitol) dans certains tissus sont les princi
pales causes des troubles oculaires, des neuropathies et néphropathies, des
défaillances cardiaques...
2. LE DIABÈTE NON INSULINO DÉPENDANT
Beaucoup plus répandu, il semble atteindre environ 5 % de la population des nations
industrialisées (en France plus d'un million d'individus, avec peut-être 500 000 cas
non diagnostiqués ; aux Etats-Unis : 6,5 millions sur les 7 millions de diabétiques
recensés par l'American Diabètes Association). Son incidence augmente avec l'âge :
16,5 % après 65 ans et 26 % après 85 ans (aux Etats-Unis, on estime à 25 % le taux
de malades - prévalence - dans la population d'âge supérieur à 65 ans) ; l'obésité
- surtout de type androïde - est un facteur de risque très net puisqu'une obésité qua
lifiée de légère double le risque, une obésité moyenne le quintuple, une forme sévère
le décuple. C'est une affection inapparente, n'entraînant pas de signe fonctionnel
pendant de nombreuses années mais dont les complications - analogues à celles du
DID - sont graves.
Cette pathologie provient de deux dysfonctionnements : l'insulino-résistance des
tissus périphériques (muscles, tissu adipeux, foie) empêchant l'hormone de jouer nor
malement son rôle et qui, dans la majorité des cas précède de quelques années l'ap
parition de symptômes nets (augmentation de la glycémie à jeun, par exemple) et ce
n'est qu'ensuite que le déficit de production insulinique devient mesurable.
Aux stades précoces de la maladie, le pancréas réagit à la résistance périphérique
en augmentant sa sécrétion d'insuline (hyperglycémie transitoire puis hyperinsuliné
mie), mais au cours de l'évolution pathologique, la sécrétion pancréatique devient
insuffisante pour compenser l'insulino-résistance et l'hyperglycémie devient perma
nente même entre les repas.
Les causes du DNID restent obscures, il n'y a pas de désordre immunologique et le
facteur héréditaire apparaît essentiel (chez les jumeaux homozygotes, la probabilité
atteint 90 % pour le frère d'un porteur de l'affection), mais contrairement au DID, il n'y