Page 94 - Traité de Chimie Thérapeutique 4 Médicaments en relation avec des systèmes hormonaux
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            2 MÉDICAMENTS DU DIABÈTE SUCRÉ UTILISABLES PAR VOIE ORALE

            3.1.2.  Néphropathies
           Signalées par l'apparition d'une protéinurie, leur prévalence totale atteint 10 à 20 % des
           diabétiques et constitue généralement le premier signe d'une altération progressive de
           la fonction rénale qui serait plus lente dans le DNID que dans le DID, mais d'autant plus
           rapide que le contrôle de la glycémie est plus déficient. L’insuffisance rénale majeure
           conduisant au décès du patient présente une incidence annuelle de 26/100 000 dans le
            DNID, et de 410/100 000 dans le DID. Il semble maintenant bien établi que l'apparition
           d'une microprotéinurie (inférieure au seuil de détection par les bandelettes classiques)
           mérite d'être recherchée car elle signale le début de l'altération rénale.

           3.1.3.   Neuropathies
           La relation entre les anomalies de la vitesse de conduction nerveuse et la glycémie ou
           le taux d'hémoglobine glycosylée est maintenant bien établie de même que leurs
           améliorations sous l'influence des traitements par les sulfonylurées.
             On oppose souvent deux formes : les neuropathies végétatives (autonome) avec
           manifestations cardiovasculaires et sudorales, urogénitales, digestives et les neuropa­
           thies périphériques avec des formes mono et multinévritiques et polyneuropathique.
             La polyneuropathie distale chronique est la forme la plus commune : dans le DNID
           prévalence de 10 % au diagnostic s'élevant à 25 % à 25 ans, dans le DID, prévalence
           faible au début, mais avec ensuite une montée rapide.

           3.2.  COMPLICATIONS MACROVASCULAIRES
           Dans les populations de diabétiques, la morbibité des affections macrovasculaires est
           très importante. La mort par infarctus myocardique (forme ''silencieuse", indolore), par
           exemple est de 1,5 à 5 fois supérieure - selon l'âge et le sexe des patients - à celle du
           reste de la population. L'origine de cet accroissement du risque athéromateux est lar­
           gement discutée mais un lien semble bien établi avec l'hyperinsulinémie post-pran-
           diale ou à jeun sans que le mécanisme exact en soit tout à fait éclairci. Les accidents
           vasculaires cérébraux de type ischémique et surtout les artérites des membres infé­
           rieurs - conduisant souvent à l'amputation du pied ou de la jambe - apparaissent très
           fréquemment.

           3.3.  TROUBLES MÉTABOLIQUES
           Les complications sont dominées par les comas induits par le diabète sucré :
           - coma acidocétosique, conséquence d'une carence profonde en insuline,
           - coma hypoglycémique provoqué par un surdosage de médicaments oraux mais
             surtout d'insuline,
           - coma par acidose lactique (non respect des contre-indications des biguanides),
           - coma hyperosmolaire...
             L'excès de glucose plasmatique a pour résultat sa conversion en sorbitol (aldose
           réductase) puis fructose (sorbitol déshydrogénase). Une conséquence est la déplétion
           en myo-inositol, nécessaire aux signaux transmembranaires via le diacylglycérol (acti­
           vateur de la protéine-kinase C) qui provoque l'apparition des dysfonctionnements de
           la conduction nerveuse (diminution d'activité Na/K ATPase) sans doute aggravés par
           l'œdème provoqué par les effets osmotiques du sorbitol.
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